Difficile de répondre à la question « Présidentielle 2022 : la santé gagnante ? », tant les réponses sont nombreuses. Le sujet était pourtant sur la table du grand débat organisé par le Leem le 23 mars avec des personnalités de la vie civile. [Retrouvez ici le replay.] Médecin, politologue, startupeuse, économiste, représentante de patientes, chacun a su tirer son épingle du jeu pour intéresser le spectateur dans cette campagne jugée terne par les observateurs. L'accent a été mis d'emblée par le président du Leem, Frédéric Collet, sur l'attractivité, la compétitivité, l'accès aux patients et la gouvernance. Après avoir annoncé l'envoi d'une aide de 21 tonnes de matériel médical pour les urgences et pour les patients chroniques aux Ukrainiens, il a indiqué qu'« il s'agit de réparer le passé et de préparer le futur ».
Thématique peu traitée par les candidats
Alors que la question de l'accès aux soins est la plus traitée par les candidats et que la santé reste quasiment l'un des sujets les plus importants pour les Français selon Brice Teinturier (institut de sondage Ipsos), celle concernant la course à l'innovation, « a été peu couverte », indique Chloé Morin, politologue. Yannick Jadot souhaite consacrer 1 % du budget de l'État à la recherche publique, Anne Hidalgo 3 %. Mélenchon compte interdire les dépôts de brevets sur les médicaments urgents. Marine Le Pen insiste sur la relocalisation des unités de production et préconise la baisse des impôts de production pour les PME. Emmanuel Macron espère poursuivre les engagements pris lors du CSIS 2021 et du plan Innovation 2030.
Manque d'agilité
Selon Alexandre Loupy, professeur de néphrologie et d'épidémiologie à l'hôpital Necker, « la recherche médicale doit se réinventer, on manque encore d'agilité dans l'organisation des bioclusters ». Magali Leo (Renaloo) rejoint le médecin sur la révolution à réaliser mais dans l'évaluation des produits de santé pour intégrer les patients dans le processus. Point positif selon Alexandre Loupy, les PIA qui ont permis d'investir 300 millions d'euros dans les IHU. Constatant les difficultés pour les chercheurs de travailler avec le privé, il regrette que « la mayonnaise n'ait pas toujours bien pris ».
Angle économique à prendre en compte
Même constat chez Nicolas Bouzou, économiste, qui déplore que la santé durant la crise épidémique n'ait été traitée que sous l'angle hospitalier : « On n'avait pas vu l'angle économique. On assiste pourtant à une explosion de la recherche où il existe des potentialités de réforme extraordinaires. » Et d'appeler à de meilleures coopérations public/privé, public/public, grandes entreprises/start-up (qui ne fonctionnent toujours pas bien) et à une meilleure rémunération des chercheurs. Les freins à l'innovation selon Florence Allouche, start-uppeuse, sont dus en France au fait que l'on négocie beaucoup, d'où une durée de 17 mois pour accéder à une licence (versus 6 mois aux États-Unis). « C'est insupportable. Le secteur public n'est pas en mesure d'attendre des retours rapides de l'innovation provenant des start-up ».
Flécher la prise de risque
Selon Frédéric Collet, la coordination des efforts devrait passer par la nouvelle Agence de l'innovation en santé. Elle améliorerait aussi la gouvernance dont « les acteurs sont un peu éclatés ». Sans oublier la transformation de l'innovation qui passe désormais par le numérique. Comment enfin flécher financièrement la prise de risque dans le pays du principe de précaution ? interroge le président du Leem.
Il faut soigner l'hôpital
D'autres interrogations agitent les Français, selon Brice Teinturier. Alors que 68 % d'entre eux louent le système de soins hexagonal, 65% déplorent la situation de l'hôpital. En conséquence, ils réclament des mesures prioritaires, à savoir le recrutement de personnels soignants, l'ouverture de lits supplémentaires et une meilleure répartition des fonds qui sont attribués à la santé. « C'est la première fois que ce sujet a autant d'importance dans une campagne présidentielle », insiste Brice Teinturier. Mais il n'est pas sûr que cette thématique orientera le choix des Français le 10 avril prochain ?
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation