C’est une nouvelle décevante sur le front de la lutte contre la maladie d’Alzheimer. Vendredi, l’Agence européenne du médicament (EMA) a rendu un avis défavorable à la mise sur le marché de l’aducanumab-avwa (Aduhelm), anticorps monoclonal actif contre les plaques bêta amyloïdes associées à la démence et premier traitement étiologique précoce de la maladie.
Pour rappel, en juin dernier, aux États-Unis, la Food and Drug Administration (FDA) avait suscité la controverse en autorisant ce candidat médicament de Biogen, dans la prise en charge des formes précoces de la maladie afin d’éviter son aggravation. Et ce, contre l’avis de son comité d’experts indépendants, qui avait recommandé de refuser la mise sur le marché du médicament.
Des données d'efficacité contradictoires
C'est ce que vient de faire l’EMA qui a opposé un refus à Biogen face aux résultats « contradictoires » de ses études principales. En effet, comme l’expliquait cet été le Pr Bruno Dubois (Directeur de l’Institut de la Mémoire et de la Maladie d’Alzheimer, Paris), qui a pris part au développement du médicament, si trois essais cliniques ont bien mis en évidence une réduction importante de 59 à 71 % des lésions amyloïdes après 18 mois de traitement, les données concernant les effets cliniques du médicament font encore débat.
De fait, une première analyse conduite précocement par le laboratoire avait semé la confusion en trouvant des résultats négatifs et mené à l’arrêt des investigations en 2019. Une analyse secondaire avait toutefois trouvé par la suite des signaux plus positifs évoquant une diminution de la pente d’aggravation de l’état clinique des patients traités par aducanumab. De nouvelles données insuffisantes pour le régulateur européen, qui juge que l’efficacité clinique du médicament reste encore à prouver.
Des effets indésirables centraux
D'autant que l’aducanumab n’est pas un médicament anodin. En effet, certains effets indésirables centraux du traitement – anomalies à l’imagerie liées à l’amyloïde (Aria), avec un œdème de certaines zones du cerveau lié à l’afflux des peptides amyloïdes dégradés – sont notés chez 40 % des patients. Or, si la plupart du temps, ces réactions transitoires sont asymptomatiques, certains sujets pourraient présenter des céphalées, des nausées, une confusion, et surtout des vertiges et des troubles de la vision pouvant occasionner des chutes.
Ce que n’a pas manqué de relever l’EMA. « Les études ne montrent pas que le médicament soit suffisamment sûr », avance-t-elle, ajoutant que ces effets indésirables pourraient s’avérer difficiles à « surveiller correctement et à gérer en routine ». Au total, l’agence considère donc que les bénéfices de l’Aduhelm n’excèdent pas ses risques.
Reste à savoir si Biogen demandera à l’EMA de réexaminer l’aducanumab – ce que le laboratoire est en droit de requérir sous 15 jours.
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