En s’intéressant à une base de données d’individus atteints d’une maladie de Huntington (MH) déclarée ou au stade pré-symptomatique (pré-H), une équipe de l’Université de l’Iowa a établi une association entre l’usage des bêtabloquants (BB) et le ralentissement de la progression de la maladie. Pour les individus pré-symptomatiques, la déclaration de la maladie était retardée chez ceux qui prenaient des BB pour une affection cardiaque comparés à ceux qui n’en prenaient pas. Chez les patients atteints d’une forme plus avancée, l’aggravation des symptômes était ralentie sous BB.
Pour les chercheurs, cette efficacité s’expliquerait par l’action de blocage de la norépinéphrine exercée par les BB, la norépinéphrine étant une molécule impliquée dans la réponse « fight or flight » (réponse au stress). « Les individus atteints d’une MH ont un système nerveux sympathique plus actif, et théoriquement plus de norépinéphrine, ce qui accroît la réponse fight or flight, et pourrait contribuer à la neurodégénérescence », détaillent-ils. Les résultats de cette étude financée par les National Institutes of Health (NIH) sont publiés dans la revue Jama Neurology.
Analyse sur près de 650 individus
L’équipe de l’Université de l’Iowa a exploité la plus grande base de données observationnelle de la MH : Enroll-HD. Cette cohorte de plus de 21 000 personnes inclut des patients atteints de MH et des individus à risque de développer une MH dans leur vie. Pour cette étude, les chercheurs ont réalisé l’analyse sur 646 individus appariés et répartis en deux groupes : un groupe de porteurs de la mutation qui cause la MH, mais dont les symptômes cliniques ne sont pas déclarés (pré-H) et un groupe ayant déjà reçu un diagnostic clinique (MH). Dans les deux groupes, les chercheurs ont identifié ceux qui prenaient des BB pour une affection cardiaque et ceux n’en prenant pas.
Les auteurs constatent ainsi que les utilisateurs de BB du groupe pré-H (n = 174) avaient un risque annuel significativement plus faible de diagnostic clinique d’une MH (HR = 0,66) comparés à ceux qui n’en prenaient pas (n = 174). Dans le groupe MH, les utilisateurs de BB (n = 149) présentaient un ralentissement significatif de l’aggravation de leurs symptômes moteurs (différence moyenne = -0,45), cognitifs (MD = 0,10) et fonctionnels (MD = 0,10) comparés à ceux qui n’en prenaient pas (n = 149).
Un potentiel traitement modificateur de la maladie
Selon les auteurs, ces résultats montrent le potentiel des BB comme traitement modificateur de la maladie de Huntington et, ce, à différents stades de la maladie. « Étant donné qu'il n'existe pas d'agents modificateurs de la maladie, la possibilité que les bêtabloquants, qui sont bon marché et dont le profil de sécurité est connu, puissent être bénéfiques pour les patients à différents stades de la maladie est très enthousiasmante », expliquent les auteurs.
Cependant, les chercheurs tempèrent leurs conclusions expliquant que les données ne démontrent pas une relation de cause à effet, mais seulement une association. Ils affirment tout de même que leurs travaux pointent le système nerveux autonome comme une cible thérapeutique potentielle dans cette pathologie.
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