Médicament : les prescripteurs invités à davantage de « sobriété » dans un rapport d'experts

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Publié le 30/08/2023

Crédit photo : Garo/Phanie

Alors que la Haute Autorité de santé (HAS) recommande la prescription d’antibiotiques uniquement en cas de Trod positif, seulement 1,2 million de ces tests rapides ont été commandés par les médecins généralistes pour 9 millions d’angines traitées, ce qui s'avère très insuffisant, relèvent des experts chargés par le gouvernement d'un new deal sur le médicament. Cette mission – nommée par le gouvernement en janvier – vient de rendre un rapport large sur la régulation et le financement des produits de santé, dans lequel médecins et patients sont invités à davantage de « sobriété ».

Un objectif qui passe notamment par une meilleure information des médecins, pas toujours au courant de la gratuité des tests pour améliorer les diagnostics. Clou enfoncé par l'Assurance-maladie : sur les six millions de prescriptions d’antibiotiques dues aux angines, seulement deux millions seraient justifiées.

Sur le volet de la régulation, plusieurs voies sont ouvertes, à savoir le développement des logiciels d'aide à la prescription (LAP), des médicaments par voie orale, le renforcement de la lutte contre la iatrogénie, la diminution des accidents médicaux via le numérique, la baisse des durées de séjour hospitalier à la faveur du développement des soins à domicile. Ce new deal aborde donc de très nombreux sujets, avec le risque de faire un catalogue et de ne retenir aucune piste majeure.

Génériques et biosimilaires

Pour autant, quelques réformes simples permettraient de retrouver des marges financières sans dégrader la qualité, plaide la mission, à savoir le développement beaucoup plus actif de l'usage des génériques et des biosimilaires et le renforcement du système de distribution des médicaments. Dans la même veine, il faudrait poursuivre la professionnalisation des achats de produits de santé dans les hôpitaux publics.

Côté organisationnel, les experts souhaiteraient renforcer le rôle du CEPS (Comité économique des produits de santé), jugé trop cloisonné, qui serait alors appelé à jouer un rôle de coordinateur, non seulement avec les industriels mais aussi avec les établissements de soins, les organisations de prescripteurs et les associations de patients.

Plus près de la vie réelle

Le volet « évaluation des médicaments » devrait être décliné de façon beaucoup plus dynamique et plus proche de la vie réelle. Ainsi, un effort doit être porté sur la fixation des prix des produits de santé (par le CEPS), avec une meilleure intégration des coûts de production, de R&D, mais aussi en tenant compte des questions de la qualité de vie du patient et de l'approche médico-économique.

Une coordination européenne serait souhaitable sur les achats de produits très coûteux et sur les délais administratifs (dont les coûts pour les entreprises sont sous-estimés). Parallèlement, la mission propose de valoriser dans les prix les produits matures et peu chers et qui souffrent particulièrement de l'inflation. 

Impact environnemental

Autres actions à renforcer, l'impact environnemental des produits de santé, la qualité et la pertinence des prescriptions ainsi que la polymédication ou l'antibiorésistance.

Le Leem, syndicat patronal de l'industrie pharmaceutique, s'est déclaré en accord avec le principe de ce new deal mais dans un accord-cadre avec le CEPS « profondément renouvelé », qui contiendrait des demandes récurrentes comme « la révision (...) de la clause de sauvegarde, ou la fin du médicament en tant que variable d'ajustement de nos budgets de santé »


Source : lequotidiendumedecin.fr