L’évolution du marché du médicament français devrait continuer de croître entre 2024 et 2029 de +5,4 %, selon l’Institut américain spécialisé dans les données de santé Iqvia. En chiffre d’affaires, cette croissance devrait être portée par l’hôpital, avec une hausse de 6 à 7 %, alors que le marché de la ville restera stable autour de +4 % à l’horizon 2029.
Mais sur les deux secteurs, le taux de croissance en volume est amené à ralentir, en particulier à l’hôpital, pénalisé par la nécessité de contrôler les dépenses hospitalières.

La locomotive des aires thérapeutiques existantes reste la classe des antinéoplasiques et immunomodulants (devant le système nerveux et l’anti-infectieux) qui a déjà connu la plus forte croissance ces cinq dernières années. En 2019, elle constituait 19 % du marché. Elle atteindra 42 % en 2029.
Iqvia s’est aussi concentré sur les nouvelles molécules qui seront potentiellement au nombre de 660 d’ici 2027, ce qui révèle une recherche clinique toujours en pleine dynamique. « Il n’est pas certain que tous ces produits arrivent réellement sur le marché, le taux d’échec en développement étant relativement important », relativise Delphine Houzelot, Senior principal Pricing & Market access chez Iqvia.
Oncologie, neurologie et psychiatrie en tête
Par spécialités, le trio de tête des aires thérapeutiques reste l’oncologie (25 %), la neurologie et la psychiatrie (16 %), une spécialité pour laquelle des nouvelles molécules sont attendues dans l’Alzheimer et la schizophrénie, et les maladies infectieuses/Covid-19 (10 %). Plus de 60 % de ces nouveaux produits sont des médicaments biologiques, majoritairement des anticorps, ainsi que des vaccins thérapeutiques, des thérapies géniques et cellulaires, des oligonucléotides, etc.

Dans le détail en 2025 devraient arriver sur le marché les premiers vaccins thérapeutiques à ARNm contre le cancer, qui confirment le fort développement des thérapies géniques et cellulaires (plus de 350, soit 16 % des médicaments biologiques). Une pathologie qui ne disposait pas de traitement jusque-là, le cancer des voies biliaires, devrait bénéficier d’un nouvel anticorps bispécifique anti-HER2, zanidatamab (Jazz Pharmaceuticals). Hors oncologie, les principales pathologies ciblées sont l’ophtalmologie (rétinite pigmentaire, DMLA et amaurose congénitale de Leber) et les maladies rares (myopathie de Duchenne, la drépanocytose et l’hémophilie A).
Quels sont les nouveaux modes d’administration prévus en 2025 ? Des formulations sous-cutanées seront proposées pour l’inhibiteur de PD-1 nivolumab (BMS) et la première version de l’anticorps bispécifique amivantamab (Janssen). Un antibiotique oral, sulopenem etzadroxil/probenecid (Iterum Therapeutics) permettra de traiter les infections des voies urinaires causées par des bactéries multirésistantes.
Alors que le plan maladies rares a été annoncé il y a quelques semaines par le gouvernement, des avancées sur cette cible arrivent aussi sur le marché en 2025, l’olezarsen (Ionis Pharmaceuticals) pour les patients atteints du syndrome de chylomicronémie familiale, le deutivacaftor/tezafactor/vanzacaftor (Vertex) pour ceux touchés par la fibrose kystique et l’elamipretide (Stealth Bio Therapeutics) pour le syndrome de Barth, une maladie ultra-rare qui ne bénéficiait pas pour l’instant de traitement.
67 molécules identifiées par IA
Même si l’intelligence artificielle a encore peu d’impact sur le parcours de soins, elle fait ses preuves pour accélérer la recherche & développement dans le médicament. « L’industrie pharmaceutique est à un corner, avec l’IA qui continue de bien se développer sur la R&D et en même temps une régulation des usages attendue dans le cadre européen (EU AI Act) pour le déploiement des médicaments », contextualise Yann Rateau de Meursac, principal consulting analytics pour Iqvia. Soixante-sept molécules identifiées par IA encore en essai clinique sont attendues en 2025. Plusieurs accords financiers importants vont être signés cette année entre l’industrie pharmaceutique et des start-up d’IA, comme celui entre Lilly/NVS et Isomorphic Labs pour 3 milliards de dollars.
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