Lorsqu’une antibiothérapie est indiquée, l’amoxicilline reste-t-elle la molécule de choix dans les otites moyennes aiguës (OMA) ? Alors que la vaccination contre le pneumocoque a modifié l’écologie microbienne des OMA, un travail américain publié dans le Journal of Pediatrics s’est penché sur la question.
En s’appuyant sur les données d’une compagnie privée d’assurance, les auteurs ont analysé de façon rétrospective l’évolution d’enfants âgés de 6 mois à 12 ans atteints d’OMA non compliquée. L’objectif était de comparer les taux d’échec et de récidives selon le type d’antibiotiques prescrits (amoxicilline, amoxicilline-acide clavulanique, cefdinir et azithromycine).
Parmi les 1 051 007 enfants inclus dans l’analyse, 56,6 % avaient bénéficié d’un traitement par amoxicilline, 13,5 % s’étaient vu prescrire l’association amoxicilline-acide clavulanique, 20,6 % du cefdinir et 9,3 % de l’azithromycine.
Au total, des échecs de traitement ont été constatés chez 2,2 % des enfants, et des rechutes dans 3,3 % des cas. Quel que soit l’antibiotique prescrit, « les taux combinés d’échec et de récidive étaient globalement faibles », précisent les auteurs, ceux observés avec l’amoxicilline étant toutefois plus bas (1,7 %) qu’avec l’association amoxicilline-acide clavulanique (11,3 %), le cefdinir (10 %) et l’azithromycine (10 %).
Des alternatives, mais…
Ainsi, « malgré les changements microbiologiques dans l’étiologie de l’OMA », ces résultats « appuient la poursuite de l’utilisation de l’amoxicilline comme agent de première ligne pour l’OMA lorsque des antibiotiques sont prescrits », concluent les auteurs.
Ces données tendent à conforter les recommandations en vigueur dans l’Hexagone, même si elles doivent être extrapolées avec prudence, souligne le Dr Pauline Arias (infectiologue, CHIC de Villeneuve-Saint-Georges), l’écologie bactérienne des OMA en France pouvant ne pas être totalement superposable à ce que l’on observe outre-Atlantique.
Alors que la vaccination contre le pneumocoque s’est accompagnée d’une diminution des souches résistantes à la pénicilline, les guidelines françaises font actuellement une large place à l’amoxicilline seule en première intention. Des alternatives avec des antibiotiques à plus larges spectres sont toutefois proposées, notamment en cas d’allergie. Si ces alternatives sont légitimes dans certains cas, cette étude montre que dans le traitement empirique des OMA de l’enfant, « l’élargissement du spectre de l’antibiothérapie n’a pas de bénéfice chez l’enfant en termes de réduction des taux de récidives et d’échec », souligne le Dr Arias.
À l’heure où les formes pédiatriques d’amoxicilline font l’objet de fortes tensions d’approvisionnement, avec une recommandation de substitution vers le cefpodoxime ou la ceftriaxone en cas de besoin, ces résultats doivent aussi inciter « à ne pas conserver cette habitude de prescription une fois la pénurie levée », insiste l’infectiologue.
D'après la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf), avant la pénurie, les OMA pédiatriques représentaient 50 à 80 % des prescriptions d’antibiotiques considérées comme justifiées selon les recommandations officielles en France.
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