Né à Fribourg-en-Brisgau, ce docteur en médecine et aussi en chimie a découvert des processus-clés de la respiration cellulaire et de différents systèmes enzymatiques. Travaux qui lui vaudront en 1931 le prix Nobel de physiologie ou médecine « pour sa découverte de la nature et du mode opératoire de l'enzyme respiratoire ».
Poussé par son père Emile, professeur de physique à l’université de Berlin, à faire des études de chimie, Warburg voulut aussi faire des études de médecine. Après avoir obtenu son doctorat dans cette discipline, il fut trois ans assistant à Heidelberg, dans le service de Ludolf von Krehl. Mobilisé durant la Première Guerre mondiale, il fut blessé sur le front russe.
En 1918, il fut nommé au prestigieux Kaiser Wilhelm Institut für Biologie de Berlin-Dahlem dont il finira par prendre la direction en 1951. A peine nommé, Warburg mit au point un micromanomètre (le respiromètre) permettant de suivre en continu les échanges gazeux (respiratoires ou photosynthétiques) de tranches de tissus, de suspensions cellulaires ou de cultures bactériennes. Ces « appareils de Warburg » équipèrent bientôt tous les laboratoires de biologie d’Europe et d’Amérique.
Recherches sur les cellules cancéreuses
Mais ce sont ses travaux sur les cellules cancéreuses qui ont fait la notoriété de Warburg. Ayant démontré que les cellules cancéreuses changent leur métabolisme pour passer à un métabolisme anaérobie, il a formulé l'hypothèse non confirmée que le cancer n'a pas besoin d'un milieu riche en oxygène pour se développer. Il a ainsi constaté en 1924 lors de ses observations sur des cellules cancéreuses une concentration anormalement élevée d'ions lactates, l'un des sels de l'acide lactique. Il en tira l’hypothèse que les cellules cancéreuses tireraient principalement leur énergie de la fermentation anaérobie du glucose (glycolyse anaérobie) et, en conséquence, la présence d'oxygène ne serait pas nécessaire à leur développement. L'apparition du cancer serait donc due à un dysfonctionnement des mitochondries des cellules cancéreuses ; au lieu de le consommer, elles fermenteraient le glucose. Selon Warburg, l'induction d'un état d'acidification dans l'organisme est donc incompatible avec le métabolisme des cellules cancéreuses
Sauvé des camps nazis parce qu’Hitler avait peur d’avoir un cancer...
Otto Warburg était protestant mais d'origine juive par son père. À ce titre, il aurait pu être soit expulsé d'Allemagne, soit déporté dans les camps de concentration durant la période nazie. Mais parce qu’il était particulièrement préoccupé d'avoir un cancer et parce qu'il pensait que Warburg serait le seul scientifique susceptible de trouver un traitement efficace, Hitler donna des instructions pour qu'il fût préservé de la déportation. Le fait qu'il ait été officier d'un régiment d'élite de l'armée prussienne pendant la Première Guerre mondiale joua aussi un rôle dans sa titularisation en tant qu'aryen d'honneur. Warburg, mort le 1er août 1970, est enterré au cimetière de Dahlem à Berlin.
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