Né à Somerby, dans le Leicestershire, William Cheselden fit l'essentiel de sa carrière comme chirurgien à l'hôpital de Chelsea. Il est passé à la postérité pour avoir le premier fait l'opération de la cataracte sur des aveugles-nés. En 1728, il rendit ainsi la vue par ce procédé à un jeune homme de 14 ans, et donna, dans un mémoire inséré dans les « Transactions philosophiques », les plus intéressants détails sur les progrès du nouveau sens que ce jeune homme venait d'acquérir.
« Faut-il toucher pour voir ? »
En réalisant cette opération Cheselden avait aussi ranimé le débat soulevé en 1690 par « le docte et éminent Molyneux », un savant irlandais qui avait posé cette question au philosophe John Locke : « Faut-il toucher pour voir ? » De ce problème qui allait interpeller et diviser les philosophes durant plusieurs siècles, Locke posa ainsi l'énoncé dans son « Essai sur l'entendement humain » : « Supposez un homme né aveugle puis devenu maintenant adulte ; par le toucher il a appris à distinguer un cube et une sphère du même métal et approximativement de la même taille, de sorte qu’il arrive à dire, quand il sent l’un et l’autre, quel est le cube et quelle est la sphère. Supposez ensuite qu’on place le cube et la sphère sur une table et que l’aveugle soit guéri. Question : est-ce que par la vue, avant de les toucher, il pourra distinguer et dire quel est le globe et quel est le cube ? »
[[asset:image:3166 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]En opérant le jeune aveugle, William Cheselden donna un tour réel au problème posé par Molyneux. Beaucoup pensèrent alors que les observations consécutives à l’opération allaient permettre de trancher une fois pour toutes la question. À ce titre, comme le note Francine Markovits, « l’opération de la cataracte par Cheselden appartient à l’histoire de la philosophie autant qu’à l’histoire de la chirurgie »
Cheselden constata après son intervention que son jeune patient ne parvenait pas à voir immédiatement ce qu’il percevait grâce au toucher. C’est ce que rapporte Voltaire : « Son expérience confirma tout ce que Locke et Berkeley avaient si bien prévu. Il ne distingua de longtemps ni grandeur, ni situation, ni même figure. Un objet d’un pouce, mis devant son œil, et qui lui cachait une maison, lui paraissait aussi grand que la maison. Tout ce qu’il voyait, lui semblait d’abord être sur ses yeux, et les toucher comme les objets du tact touchent la peau. Il ne pouvait distinguer d’abord ce qu’il avait jugé rond à l’aide de ses mains, d’avec ce qu’il avait jugé angulaire, ni discerner avec ses yeux, si ce que ses mains avaient senti être en haut ou en bas, était en effet en haut ou en bas. [...] Il demandait quel était le trompeur, du sens du toucher ou du sens de la vue ».
[[asset:image:3171 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Cheselden publia également en 1713 « The Anatomy of the Human Body » (Anatomie du corps humain) qui connut un grand succès. Il révolutionna à cette occasion la communication médicale en rédigeant son livre en anglais et non, comme le voulait l'usage, en latin. Son anatomie du squelette (« Osteographia »), éditée en 1733, fit également sensation en proposant des illustrations du squelette et des muscles dans diverses attitudes (homme en prière, à genoux, enchaîné...). On doit enfin au praticien anglais un traitement chirurgical par taille latérale des calculs de la vessie, qui permit de diminuer par deux la mortalité, opération qu'il décrivit dans son ouvrage « La Taille de la pierre » publié en 1723.
William Cheselden est mort à Bath le 10 avril 1752.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation