Le neurobiologiste américain d’origine autrichienne a reçu conjointement avec Arvid Carlsson et Paul Greengard, le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2000 pour ses travaux sur les bases moléculaires de la mémoire à court terme et de la mémoire à long terme Les travaux de Kandel sur l'aplysie ont montré qu'une stimulation répétée produisait des décharges constantes dans un neurone sensoriel. Ceci a permis de comprendre davantage les mécanismes fondamentaux de l'apprentissage.
De l’histoire à la médecine, via la psychanalyse
Éric Kandel est né le 7 novembre 1929 à Vienne. D’origine juive, il émigre en compagnie de son frère aîné, Lewis aux États-Unis en 1938 après l’annexion de l’Autriche par les Nazis. Ils seront rejoints par leurs parents quelques mois plus tard. Après des études secondaires à l’Erasmus Hall High Scholl de Brooklyn, Kandel intègre Harvard pour y suivre un cursus d’histoire européenne. Mais, sa rencontre avec Anna Kris, fille d'Ernst Kris et Marianne Rie, deux psychanalystes proches de Sigmund Freud, va bouleverser ses projets universitaires tant il se prend de passion pour les théories de Freud. Du coup, il s’inscrit en médecine avec la ferme intention de devenir psychiatre.
[[asset:image:3451 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]En dernière année de médecine, alors qu’il étudie à la faculté de médecine de l'université de New York, il s'intéresse aux aspects de recherche fondamentale et biologique de la pratique de la médecine. Après avoir obtenu son diplôme en 1956, Kandel va plus particulièrement se pencher sur la biologie du cerveau, se rapprochant pour cela d’Harry Grundfest, une des sommités de l’époque en neurologie, à la Columbia University.
L’Aplysia, une limace de mer idéale pour étudier les mécanismes d’apprentissage de base
Professeur associé à l'université de New York, de 1965 à 1974, Kandel enseigne ensuite à l'université Columbia où il dirige également le Centre de neurobiologie du comportement jusqu'en 1983.
[[asset:image:3456 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Ce sont ses recherches sur la limace de mer Apylsia qui vont permettre au neurobiologiste américain d’obtenir le prix Nobel. L’animal possède en effet une anatomie intéressante : 20 000 cellules nerveuses seulement (100 milliards de neurones chez un mammifère), regroupées en ganglions d’environ 2 000 cellules. Certaines cellules sont géantes, et bien identifiables même sans microscope, ce qui fait d’Aplysia un animal idéal à étudier. L’aplysie a également un réflexe protecteur, pour préserver ses branchies que Kandel va utiliser pour étudier les mécanismes d'apprentissage de base. Ces expérimentations, complétées par d’autres travaux sur la souris, établissent que la mémoire est centrée sur les synapses, les modifications des fonctions synaptiques étant responsables des différents types de mémoire. Éric Kandel montre qu'un faible stimulus entraîne des modifications chimiques dans les synapses et que ces modifications sont à l'origine de la mémoire à court terme, qui dure quelques minutes ou quelques heures. Des stimulus plus forts provoquent d'autres changements synaptiques, qui créent une forme de mémoire à long terme.
Éric Kandel a raconté dans un ouvrage paru en 2007 « À la recherche de la mémoire », publié en France par les éditions Odile Jacob, comment la biologie, la psychologie et les neurosciences ont convergé pour créer « la » science nouvelle de l’esprit, si puissante désormais. Il montre aussi comment cette fenêtre grande ouverte sur ce que sont la perception, la pensée, les émotions et la mémoire laisse espérer de vrais progrès dans le soin d’affections comme la schizophrénie, les troubles du vieillissement ou la dépression.
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