Ceux qui attendaient du nouveau plan Cancer des mesures précises pour les généralistes devront encore patienter. Alors que dans son rapport d’orientation, le Pr Jean-Paul Vernant leur consacrait tout un chapitre – avec des propositions concrètes concernant la prévention, le suivi des patients ou encore la formation –, le plan 2014-2019 présentée ce mardi par François Hollande est plus édulcorée.
Certes, comme le souligne le Dr Jérôme Viguier de l’INCa, « il y a dans ce nouveau plan beaucoup d’étapes pour lesquelles le généraliste est clairement identifié comme l’interface obligatoire et le coordonnateur de la prise en charge ». Mais les moyens pour y parvenir restent flous.
Prévention et dépistage : pas de consultations dédiées
Concernant la prévention et le dépistage par exemple, les « consultations systématiques dédiées (…) réalisées par le médecin traitant » proposées par le Pr Vernant n’apparaissent nulle part. Le plan met pourtant l’accent sur ces deux aspects, avec une volonté affichée de réduire l’exposition des Français aux facteurs de risque évitables de cancer et, notamment, au tabac. Mais pour impliquer davantage les médecins traitants dans le sevrage de leur patient, il ne retient « qu’une incitation financière dans le cadre des objectifs de santé publique ».
Même chose pour le dépistage. Notant que moins des 2/3 des sujets cibles sont dépistés pour le cancer du sein et moins d’1/3 pour le cancer colo-rectal, François Hollande appelle à un « changement de dimension ». Mais là encore rien de précis pour les généralistes.
Quant au dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, dont le président annonce la généralisation, le plan prévoit seulement de « renforcer le rôle du médecin traitant dans l’initiation, la réalisation et le suivi du dépistage » et « d’ajuster les objectifs de participation des patientèles des médecins traitants dans les objectifs de santé publique ». Sur le tabac, comme sur les frottis, la ROSP pourrait donc être musclée dans les prochains mois.
Suivi du patient : après le DMP, le DCC
Concernant la prise en charge des patients, avec l’essor des chimiothérapies orales et des traitements ambulatoires, « c’est demain le médecin traitant qui aura vocation à occuper le rôle central dans le suivi du malade », souligne le président.
D’où l’accent mis sur la relation ville hôpital, avec quelques annonces concrètes, comme la mise en place dans chaque service de cancérologie d’ « un numéro de téléphone dédié au médecin traitant » ou encore la création pour chaque patient d’un dossier communicant de cancérologie (DCC). Sorte de DMP spécifique au cancer, ce DCC « sera pensé par les généralistes pour les généralistes », promet le Pr Agnès Buzyn, présidente de l’INCa. Annoncé pour fin 2015, « il contiendra toutes les données relatives à l’histoire et au traitement du patient tout au long de sa vie ».
Toujours pour « fluidifier le parcours de santé » des malades, le plan insiste aussi sur la consultation de fin de traitement qui doit permettre aux équipes hospitalières de passer le relais aux professionnels de premier recours. Pour autant, « la participation rémunérée du médecin traitant à cette consultation », proposée par le Pr Vernant, ne semble pas retenue.
De même, exit pour le moment la suggestion faite par l’hématologue parisien que la participation du médecin traitant à une RCP soit validante pour le DPC. Nulle trace non plus de ses propositions pour muscler le DES de médecine générale ou faciliter les stages en cancérologie.
Le plan semble avoir fait d’autre choix en créant un nouveau cursus universitaire afin de former des « infirmiers cliniciens ». Ces « super-infirmiers » seront habilités à assurer, sous certaines conditions, la prescription d’examens de suivi ou des traitements complémentaires, ainsi que la reconduction ou l’adaptation de traitements spécifiques.
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