Un peu plus de quatre mois après son ami, le Pr Christian Barnard, qui avait pratiqué la première greffe cardiaque le 3 décembre 1967 au Cap (Afrique du Sud), un jeune chirurgien de 43 ans, Christian Cabrol réédite le même exploit assisté de Gérard Guiraudon et Maurice Mercadier. Le patient âgé de 66 ans s’appelle Clovis Roblain et va mourir 53 heures plus tard d’une embolie pulmonaire. La transplantation s’est effectuée selon la méthode Barnard pour les sutures, Christian Cabrol ayant donné sa « touche personnelle » à l’opération avec une méthode inédite pour la préservation du cœur prélevé chez le donneur par perfusion des artères coronaires.
L’opération fut ainsi résumée par le Pr Cabrol lui-même : «Nous avions la chance d'avoir deux salles d'opération contiguës, une grande et une petite. Dans la grande salle, Gérard Guiraudon a commencé à opérer M. Roblain, tandis que dans la petite, je prélevais le cœur de l'homme dont la famille nous avait autorisés à faire le prélèvement. Nous prenions beaucoup de précautions et cela a été très long. Je me souviens fort bien des différentes phases de cette opération, mais surtout du moment où, tout étant prêt, on a enlevé le coeur de M. Roblain. C'était un coeur énorme, qui ne battait presque pas. »
« C'était terrible à voir. Quand on a placé le cœur que je venais de prélever, un cœur normal qui n'était pas plus gros que mes deux poings réunis, dans cette très grande cavité péricardique qui avait contenu le coeur de M. Roblain, on s'est dit qu'on n'allait jamais y arriver, que c'était trop disproportionné. Quand tout fut en place, les sutures faites, et que tout semblait parfait, est venu le moment de faire repartir le cœur. Nous avons pris le défibrillateur, lancé le choc électrique et le coeur est reparti. Je dois dire que ce fut un moment particulièrement émouvant. ... Tout le monde était secoué. Je me suis alors souvenu de la réflexion de Barnard, après sa première greffe : “Ce n'est pas possible, ça marche!” »
« La tension fut d'emblée normale : 12-8, le coeur parfaitement régulier, la circulation excellente, tout allait très bien, il n'y avait pas de problèmes. Nous étions sidérés par notre réussite. Malheureusement les choses n'ont pas bien tourné. Quelques heures plus tard, le coeur est entré en défaillance et ce fut d'emblée dramatique. Pendant plus de quarante-huit heures, nous nous sommes battus jour et nuit pour essayer de maintenir le coeur en marche. Finalement, il s'est arrêté et il n'y a rien eu à faire. Nous avons eu l'explication après : M. Roblain était mort d'une embolie pulmonaire. Allongé depuis des mois, il avait des caillots dans toutes les veines des membres inférieurs. Quand le cœur neuf a rétabli une circulation énergique, un courant sanguin important, des caillots ont été délogés de la paroi des veines et charriés jusqu'au coeur et aux poumons, provoquant une embolie. Si on avait fait aussitôt le diagnostic, on aurait pu tenter de réopérer et d'ouvrir l'artère pulmonaire, le tirant peut-être d'affaire. »
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