Du 10 au 13 mai, s’est tenu le premier congrès conjoint de la Société européenne d’endocrinologie (ESE) et de la Société européenne d’endocrinologie pédiatrique (Espe). Le Quotidien a sélectionné quelques études présentées à cette occasion, démontrant des liens entre : infertilité féminine et risque cardiovasculaire, infertilité masculine et taux sanguin de phosphate, consommation d’antibiotiques et puberté féminine précoce, puberté masculine tardive et diabète de type 2 précoce ainsi que les conséquences d’une exposition à de forts taux de testostérone maternelle in utero.
Infertilité féminine et risque cardio-vasculaire
Une méta-analyse englobant 21 études, comptant au total 179 000 femmes avec des antécédents d’infertilité et 3,4 millions de femmes sans problème de santé reproductive met en évidence un surrisque de maladies cardiovasculaires (14 %) chez les femmes infertiles. Le risque de maladie cardiaque était plus élevé de 17 % et celui d’accident vasculaire cérébral de 16 %. Il était plus fort chez les femmes jeunes (20 %) et chez celles ayant bénéficié de traitements d’aide médicale à la procréation (4 %). Ainsi, un suivi cardiologique rapproché semble pertinent chez ces femmes. Mais aussi, les auteurs soulignent qu’à plus long terme, il est important de prendre en compte les antécédents de santé reproductive pour l’évaluation de la santé cardiaque à long terme et la mise en place précoce de stratégies préventives.
Taux sanguin de phosphate et infertilité masculine
Plusieurs études ont déjà souligné l’importance de l’hygiène de vie masculine dans la fertilité : alcool, vitamine D et bien d’autres facteurs influant sur la qualité du sperme. Une étude danoise présentée au congrès ajoute un nouvel élément à la liste : le taux de phosphate dans le sang. L’analyse d’échantillons de sang et de sperme chez 1 200 hommes infertiles a révélé que 36 % d’entre eux avaient un bas taux de phosphate dans le sang, alors que l’incidence moyenne est de 2 à 4 % en population générale danoise.
Ce faible taux était par ailleurs associé à une plus faible motilité des spermatozoïdes et un plus fort taux d’œstradiol. Le Dr Sam Kafai Yahyavi, endocrinologue à l’hôpital Herlev et premier auteur de l’étude, commente : « Bien que nos résultats ne prouvent pas que de basses concentrations de phosphate causent l’infertilité, elle souligne un possible lien qui pourrait avoir son importance pour comprendre et traiter l’infertilité masculine ».
L’exposition à la testostérone in utero
Selon une autre étude présentée au congrès, chez les enfants dont la mère a un syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou un fort taux de testostérone durant le troisième trimestre de grossesse, les garçons sont susceptibles d’être moins actifs physiquement et d’avoir plus de masse adipeuse à sept ans, par rapport à la population générale. Cette baisse d’activité physique survient seulement le week-end et n’était pas associée au poids de naissance ou à l’indice de masse corporelle de la mère avant la grossesse.
Chez les filles, au même âge, c’est la force de poigne qui est réduite. Les résultats soulignent le rôle important de l’exposition à la testostérone maternelle chez les enfants, pouvant influer leur développement. Les chercheurs comptent par la suite investiguer si ces altérations du développement se maintiennent à long terme et si les enfants sont exposés à un surrisque d’obésité, d’hypertension ou de diabète de type 2.
Les antibiotiques dans la première année de vie précipitent la puberté féminine
Un autre évènement de la petite enfance altérerait le développement : la prise d’antibiotiques. Selon une étude, les filles ayant reçu des antibiotiques dans la première année de vie étaient plus à même d’avoir une puberté précoce d’origine centrale (CPP). L’effet le plus important s’observe pour une prescription dans les trois premiers mois de vie (33 % de risque supplémentaire). S’ajoute à cela un risque augmenté de CPP de 22 % pour les filles ayant reçu cinq classes d’antibiotiques ou plus.
« Dans de précédents travaux nous avions conclu que l’allaitement exclusif réduisait le risque de CPP, soutenant le postulat que les facteurs de la petite enfance influant sur le microbiote intestinal ou les voies métaboliques endocrines affectent la puberté », ajoute la Dr Yunsoo Choe, pédiatre au Hanyang University Guri Hospital (Corée du Sud) et coautrice de l’étude. Elle espère que les résultats « encourageront les médecins et les parents à considérer les effets à long terme des antibiotiques lors des choix thérapeutiques pour les jeunes enfants ».
Puberté tardive et risque de diabète de type 2 chez les garçons
Dernier travail sélectionné, chez les garçons, des scientifiques constatent qu’une puberté tardive multiplie par 2,5 le risque de développer un diabète de type 2 précoce, indépendamment de leur poids et des facteurs socio-économiques. Ainsi, 140 adolescents sur 100 000 avec une puberté tardive développent un diabète de type 2 chaque année, contre 41 sur 100 000 pour ceux avec une puberté normale. La puberté tardive pourrait être un marqueur permettant d’identifier les jeunes vulnérables et la mise en place de stratégies de prévention ciblées.
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