Les données de la science ne permettent pas de recommander « à grande échelle » l'injection intra-articulaire d’acide hyaluronique dans le traitement de l’arthrose du genou. Telle est la conclusion d’une méta-analyse parue le 6 juillet dans le British Medical Journal (BMJ).
Alors que dans le monde, 560 millions de personnes souffriraient d’arthrose du genou, l’injection intra-articulaire d’acide hyaluronique – « aussi appelée viscosupplémentation », rappelle l’étude - est couramment utilisée pour en traiter les symptômes. Ces injections permettraient de restaurer les propriétés viscoélastiques du liquide articulaire, altéré dans l’arthrose, de s’opposer à l’agression du cartilage, et ainsi de réduire les douleurs, suggérait le Syndicat national des médecins rhumatologues (SNMR) au début des années 2010.
Un traitement controversé
« Mais l’efficacité et la sécurité de ce traitement restent controversées depuis le premier essai clinique dans les années 1970 », soulignent les auteurs du présent travail. D’où des recommandations nationales et internationales et des pratiques contradictoires. Par exemple, alors qu’en Angleterre, le National Institute for Health and Care Excellence ne préconiserait la viscosupplémentation que dans des « circonstances exceptionnelles », aux États-Unis, les injections d’acide hyaluronique se seraient récemment « considérablement » multipliées, un patient gonarthrosique sur sept recevant désormais de l'acide hyaluronique en première intention, rapportent les auteurs. En France, les produits de viscosupplémentation ont été déremboursés.
Dans ce contexte, les auteurs de l' étude se sont donné l'objectif de démêler les données de la science. « Cette revue systématique a pour but de fournir des preuves actualisées sur les bénéfices cliniques et la sécurité de la viscosupplémentation pour traiter les patients présentant une arthrose du genou en utilisant des données issues de 50 ans d’essais randomisés », indiquent-ils.
Une démarche qui les a amenés à se pencher sur les résultats de 169 essais cliniques ayant inclus un total de plus de 21 000 participants. Si la plupart des études recensées présentaient des biais, 24 larges essais contrôlés par placebo ayant inclus près de 9 000 patients permettraient de juger plus objectivement de l’efficacité du traitement sur la douleur.
Effets non significatifs sur la douleur comme sur la fonction articulaire
Résultat : la viscosupplémentation ne permettrait pas de diminuer les douleurs liées à l’arthrose du genou. Certes, comme l’admettent les auteurs, les essais inclus dans l’analyse principale « ont indiqué que la viscosupplémentation était associée à une légère réduction de l’intensité de la douleur par rapport au placebo » - de 2 mm sur une échelle visuelle analogique de 100 mm. Cependant, cet effet ne serait pas cliniquement significatif. Si bien qu’il se dégagerait une « équivalence clinique entre la viscosupplémentation et le placebo », soulignent les auteurs.
En termes d’efficacité sur la fonction de l’articulation, les données ne seraient pas plus probantes. En effet, les 19 larges essais contrôlés par placebos ayant inclus plus de 6 300 patients montreraient globalement « un effet sur l’amélioration de la fonction réduit, non cliniquement pertinent », non significativement supérieur à l’effet du placebo.
Un profil de sécurité peu favorable
En revanche, la viscosupplémentation serait pourvoyeuse d’effets indésirables. « Selon 15 vastes essais contrôlés par placebo ayant randomisé 6 462 participants, la viscosupplémentation (est) associée à un risque d’effets secondaires graves (avec hospitalisation, handicap, mise en jeu du pronostic vital, etc. N.D.L.R.) significativement plus haut que le placebo (RR = 1,49) », déplorent les auteurs de la méta-analyse.
De quoi, pour ces chercheurs, « ne pas soutenir l’utilisation à grande échelle de la viscosupplémentation dans le traitement de l’arthrose du genou ». Les auteurs notent toutefois que leurs résultats « n’excluent pas la possibilité que des sous-populations données de patients arthrosiques puissent bénéficier de la viscosupplémentation ».
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