« Pour innover face aux grands défis de notre époque, les scientifiques ont besoin de liberté et de soutien financier pour prendre des risques. C’est le rôle des institutions de recherche, telles que l’Institut Curie, d’accompagner les chercheurs dans cette voie […] », met en avant la Dr Cécile Campagne, à la tête de la direction de la valorisation et des partenariats industriels (DVPI) au sein de l’Institut Curie, lors d’une rencontre destinée à la presse le 5 novembre. C’est ainsi pour faire « sortir l’innovation des laboratoires » et « aider les chercheurs à se lancer dans l’entrepreneuriat » que l’Institut Curie a souhaité intégrer le transfert de technologie et la création d’entreprise à sa stratégie.
« Favoriser la protection de la propriété intellectuelle, le transfert de technologies et l’entrepreneuriat est aussi une réponse aux manques de financements et d’infrastructures pour la recherche fondamentale en France », détaille la directrice. Déplorant le budget alloué à la R&D (2,2 % du PIB en France contre 3,5 % aux États-Unis) et le nombre de publications scientifiques en baisse depuis 2005, la Dr Campagne met en garde contre « la dépendance de la France aux innovations étrangères » et « la fuite des talents et des entreprises vers l’étranger », notamment outre-Atlantique. Face à ces constats, l’Institut Curie défend ainsi un nouveau visage de la recherche à travers le statut de « chercheur-inventeur ».
« Dans une carrière scientifique, les chercheurs qui ont entrepris et innové n’ont pas toujours reçu la même reconnaissance que ceux qui publiaient dans les plus grandes revues, déplore la Dr Cécile Campagne. Or un chercheur sur quatre serait intéressé par une aventure entrepreneuriale ». Un constat partagé par Jean-Louis Viovy, directeur de recherche émérite et « serial entrepreneur », et Christel Goudot, ingénieure de recherche et collaboratrice d’une société incubée à l’Institut Curie. « En France, il y a une séparation entre la carrière académique et celle dans l’entrepreneuriat, il y a également une mentalité différente de celle des États-Unis ou des pays anglo-saxons sur la question de la prise de risque et de l’échec », s’accordent-ils à dire. Une dualité que l’Institut Curie souhaite donc déconstruire avec sa politique de promotion de l’innovation.
Quelque 32 start-up créées depuis 2002
L’accompagnement réalisé par la DVPI couvre plusieurs étapes du transfert de technologie. Ainsi, elle identifie les « inventions » nées au sein de l’institut, élabore une stratégie de propriété intellectuelle et évalue son potentiel commercial, et aide l’invention à arriver à maturation afin qu’elle puisse être proposée à des industriels. La direction recherche aussi des partenaires de développement industriel, accompagne la création éventuelle d’une start-up et promeut la validation clinique avant une mise sur le marché. « Avant la création de la DVPI, la démarche de transfert était peu connue au sein de l’Institut Curie. Bénéficier d’un tel appui a constitué un véritable accélérateur pour valoriser nos recherches et pour stimuler l’intérêt de la communauté médico-scientifique dans l’innovation en santé », témoigne Jean-Louis Viovy, spécialisé en microfluidique.
Les chercheurs de l’institut bénéficient également de réseaux internes de collaborateurs impliqués dans le transfert de technologie, ainsi que d’aides au financement des projets via le label d’excellence Carnot ou des appels à projets externes. Depuis 2011, l’Institut Curie recense plus de 250 « inventeurs », 60 nouvelles déclarations d’invention et de logiciels par an ou encore 1 111 brevets ; depuis 2002, 32 start-up y ont été créées.
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