Près de deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, les connaissances sur les suites de la maladie se précisent. En effet, deux études américaines observationnelles publiées en février apportent un éclairage tant sur la prévalence que sur la sémiologie du "Covid long". Et ce, en particulier chez les plus âgés, potentiellement à plus haut risque de contracter des séquelles que la population générale.
Évaluer la prévalence du Covid-19 long chez les plus de 65 ans en vie réelle
Comme le rappelle un premier travail, publié dans le British Medical Journal (BMJ), « des études examinant la fréquence et la gravité des nouvelles affections (séquelles) après une infection au covid-19 ont commencé à émerger ». Cependant, les connaissances concernant les séquelles de l’infection à SARS-CoV-2 chez les séniors, qui plus est n'ayant pas contracté une forme aiguë grave, restent limitées.
Dans ce contexte, les chercheurs se sont penchés sur les données de recours aux soins, enregistrées de plus de 133 000 américains de 65 ans ou plus ayant été diagnostiqués positifs au SARS-CoV-2 aux premières heures de la pandémie, soit avant avril 2020. La prévalence des symptômes - persistants ou nouveaux - pris en charge à partir de 21 jours et jusqu'à 120 jours après le diagnostic a alors été recherchée dans cette population, puis comparée à celle observée dans trois groupes témoins : un premier ayant eu recours au système de santé avant la pandémie, en 2019, un second sans diagnostic de Covid-19 ayant eu recours à des soins en 2020, et un troisième ayant reçu un diagnostic d'autre infection respiratoire basse comme la grippe.
1/3 des plus de 65 ans concernés
Résultats : 1/3 environ (32 %) des sujets de plus de 65 ans ayant reçu un diagnostic de Covid-19 en 2020 ont consulté un médecin en période post-aiguë pour un ou plusieurs symptômes, qu'ils soient nouveaux ou persistants. Soit 11 % de plus que dans les groupes témoin de personnes n’ayant pas été touchées par le Covid-19 en 2019 et 2020.
Certaines sous-populations étaient particulièrement concernées par ces symptômes. À savoir les personnes ayant été hospitalisées pour leur Covid-19, les hommes et les plus de 75 ans.
Cependant, a priori, comparé aux patients ayant développé d'autres infections virales des voies respiratoires inférieures, la prévalence de symptômes à long terme n'apparaissait globalement pas si élevée chez les plus de 65 ans atteints de Covid-19. En effet, par rapport à cette population, ces séquelles étaient 1,4 % moins courante chez les patients ayant eu un diagnostic de Covid-19.
Des symptômes plus fréquents qu'après d'autres infections respiratoires basses
Toutefois, à l'étude des différents types de séquelles, certaines apparaissaient plus fréquentes chez les patients Covid + quelle que soit la population témoin. Parmi les symptômes le plus souvent repérés, les chercheurs citent en particulier l'insuffisance respiratoire (surrisque de 7.5 % par rapport aux groupes contrôle de 2019 et 2020), la fatigue (surrisque de 5.6 %), l’hypertension artérielle (surrisque de 4.4 %) et des troubles mentaux (surrisque de 2.5 %). « [Même] comparés aux groupes ayant contracté une autre infection virale pulmonaire basse, les patients touchés par le Covid-19 présentaient surrisque d’insuffisance respiratoire (+2.39 %), de démence (+ 0.71 %) et de fatigue (+0.18 %) », résume le BMJ.
Un surrisque cardiovasculaire multiple
Une autre équipe américaine s’est plus particulièrement penchée sur les troubles cardiovasculaires associés à cette phase post-aiguë. Car tandis que « les complications cardiovasculaires du Covid-19 aigu sont bien décrites, les manifestations du Covid-19 post-aiguës ne sont pour le moment pas bien caractérisées », d'autant plus à moyen et long terme et en dehors du secteur hospitalier, avancent ces chercheurs.
Ils se sont donc penchés sur les bases de données de soins de santé américaines du Département américain des anciens combattants, et plus précisément sur les données de près de 154 000 individus d'une soixantaine d'années en moyenne diagnostiqués positifs au Covid-19, ainsi que sur celles relatives à plus de 11 000 000 sujets contrôle (plus de 5 600 000 contrôles contemporains sans diagnostic de Covid-19 et plus de 5 800 000 contrôles historiques, antérieurs à la pandémie, ayant recouru à des soins en 2017). Une démarche qui leur a permis, d’estimer le fardeau et surtout le risque de troubles cardiovasculaires un an après la fin de la phase aiguë d'infection à SARS-CoV-2 (fixée, ici, à j30 après le diagnostic).
Finalement, dans cette étude publiée dans Nature, les chercheurs ont bien trouvé un surrisque de divers troubles cardiovasculaires. À l’instar des accidents vasculaires cérébraux (hazard ratio de 1.52), des arythmies (HR = 1.69), des maladies cardiaques ischémiques (HR = 1.72) comme non ischémiques (HR = 1.62), des péricardites (HR = 1.85) et myocardites (HR = 5.38), des insuffisances cardiaques (HR = 1.72) ou encore des maladies thromboemboliques (HR = 2.39). « Ces risques [ont été retrouvés] même chez les personnes qui n'ont pas été hospitalisées pendant la phase aiguë de l'infection » ainsi que chez des sujets à faible risque de maladie cardiovasculaire, rapportent les auteurs. À noter que la population d'anciens militaires étudiée étant essentiellement constituée d'hommes, ces résultats restent à confirmer notamment chez les femmes.
Au total, sachant qu'environ 400 millions de personnes ont à ce jour été infectées par le SARS-CoV-2 dans le monde et que des nouveaux cas ne cessent d’être enregistrés, les auteurs de ces deux travaux pointent le fardeau que pourrait constituer le Covid à long terme.
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