L’anticoagulation avant hospitalisation pourrait s’avérer protectrice contre les complications du covid-19. Telle est la conclusion d’une étude rétrospective française relayée mercredi par l'AP-HP et parue dans le Journal of the American Heart Association.
On sait désormais, comme le rappelle l’AP-HP, que le covid-19 est associé à des complications thrombotiques avec activation de la coagulation et atteinte de l’endothélium. Ainsi plusieurs recommandations pour l’anticoagulation des patients souffrant de formes sévères ont-elles été formulées. Cependant, peu d’investigations ont été conduites concernant l'effet des anticoagulants en prévention des formes graves.
En juin une équipe parisienne avait constaté que « les patients avec une anticoagulation curative pour une indication cardiovasculaire extérieure à la COVID-19 avaient moins de marqueurs de lésions vasculaires dans le sang par rapport à des patients sans anticoagulation », rappelle l’AP-HP.
Dans ce contexte, des chercheurs de l’AP-HP, de l’Inserm et de l’Université de Paris ont essayé de déterminer si un traitement anticoagulant oral mis en place en ambulatoire avant toute hospitalisation pour covid-19 (et pour toute autre indication qu'une infection à SARS-CoV-2) pouvait effectivement améliorer le pronostic des patients concernés une fois ces derniers admis en service de médecine pour une forme modérée. Pour ce faire, près de 2 850 patients ont été recrutés dans 24 hôpitaux français, dont 382 se sont avérés préalablement traités par anticoagulants oraux.
L’anticoagulation précoce associée à une mortalité moindre
Résultat : « l’anticoagulation curative chez des patients traités avant l’hospitalisation pour une indication validée » est bien associée à « un meilleur pronostic comparé aux patients ne bénéficiant pas d’anticoagulation avant leur hospitalisation », résume l’AP-HP. « Nous apportons la preuve qu’une anticoagulation orale par AVK ou AOD [mise en place avant hospitalisation] diminue significativement l’admission en réanimation et la mortalité hospitalière », détaillent en effet les auteurs dans leur étude. Ainsi, les patients déjà sous anticoagulants avant leur hospitalisation présentaient un risque de passer en réanimation (RR 0,45) ou d’être admis en réanimation et d’y décéder (RR 0,72) moindre par rapport aux autres.
À noter qu’au contraire, l’introduction d’un traitement anticoagulant au cours de l’hospitalisation – par héparine ou héparine de bas poids moléculaire – ne s’est pas avérée associée à un pronostic amélioré. Et ce « quel que soit le régime utilisé (dose préventive faible ou élevée et dose curative) », précise l’AP-HP.
Ainsi, du point de vue des auteurs, les traitements anticoagulants pourraient s’avérer plus efficaces aux stades précoces du covid-19 - où ils « préviendraient la coagulopathie et l’endothéliopathie associées au covid-10 » – qu’aux phases plus avancées de la maladie.
Éviter l’activation de la coagulation liée au covid-19
Reste à savoir pourquoi. « Une fois le stade d’endothélite atteint, le covid-19 s’aggrave et la thérapie anticoagulante perdrait son effet protecteur », avancent les chercheurs. En outre, ce genre de traitements pourrait, en début de maladie, jouer sur l’entrée du SARS-CoV-2 dans les cellules endothéliales.
Reste aussi à évaluer si chez les patients avec des formes modérées de Covid-19, l’introduction d’un traitement anticoagulant dès le diagnostic posé par PCR apporte le même bénéfice.
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