Des chercheurs allemands, en collaboration avec l’Institut Francis Crick, avancent « que le don de sang régulier permettrait aux cellules souches de se renouveler en favorisant les mutations qui favorisent elles-mêmes la croissance de cellules souches saines plutôt que pré-leucémiques ».
Alors que les mutations s’accumulant naturellement dans les cellules souches sanguines au cours de la vie peuvent être à l’origine de l’apparition de clones (hématopoïèse clonale) entraînant des cancers du sang, lors d’un don de sang, la production de nouvelles cellules sanguines entraîne de facto une sélection de certains clones. Les auteurs de cette étude parue dans Blood se sont penchés sur les potentiels effets des phlébotomies récurrentes à grand volume sur la santé du donneur et en particulier sur leurs cellules souches hématopoïétiques (CSH).
Les clones sélectionnés répondent principalement à la perte de sang
Parmi les sujets inclus (n = 429), tous des hommes sexagénaires, les auteurs ne retrouvent aucune différence significative dans l'incidence globale d'hématopoïèse clonale chez les donneurs fréquents (DF, plus de 100 dons au cours de la vie, 217 donneurs) par rapport aux donneurs sporadiques (DS, moins de 10 dons au cours de la vie, 212 donneurs) ; et les deux groupes présentaient un niveau similaire de diversité clonale.
Cependant, après une analyse plus approfondie des mutations de DNMT3A, le gène le plus souvent affecté dans l'hématopoïèse et qui est muté chez les personnes atteintes d’une leucémie, les auteurs ont observé des schémas mutationnels distincts entre les DF et les DS. Les modifications de ce gène observées chez les DF ne se trouvaient pas dans les zones connues pour être pré-leucémiques.
Pour aller plus loin, les chercheurs ont mené une analyse fonctionnelle in vitro des variants de DNMT3A des CSH dans deux types de milieu : l’un contenant de l’érythropoïétine (EPO), l’hormone stimulant la production de globules rouges après une phlébotomie, l’autre contenant de l’interféron (IFN) gamma, cette cytokine anti-infectieuse. Les cellules DF se sont développées dans l'environnement contenant de l'EPO, ce qu’elles n'ont pas réussi dans l'environnement inflammatoire. Le contraire a été observé dans les cellules présentant des mutations pré-leucémiques. Ceci suggère que les mutations DNMT3A chez les DF répondent principalement à la perte de sang et produisent des cellules saines. Des observations confirmées dans des modèles murins.
Au vu de la taille de l’échantillon, les auteurs n’affirment pas « que le don de sang diminue l’incidence des mutations pré-leucémiques », mais se réjouissent d’avoir identifié « des différences génétiques subtiles qui pourraient être bénéfiques à long terme et jouer un rôle dans le développement ou non de la leucémie, et qui pourraient être ciblées sur le plan thérapeutique ».
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