Alors que la journée internationale des femmes et des filles de science a lieu ce 11 février, une étude canadienne publiée dans « The Lancet » montre que quand il s'agit d'obtenir des financements pour leurs travaux de recherche, les femmes et les hommes ne sont pas logés à la même enseigne : l'évaluation de leurs recherches est en effet moins favorable lorsque l'investigateur principal est une femme.
Depuis 2014, les Instituts de recherche en santé du Canada proposent deux nouveaux programmes de subventions. Le premier, appelé Projet, s'appuie principalement sur la qualité du travail de recherche (évaluation de l'expérience, des ressources…), alors que le second, Fondation, repose sur l'investigateur principal (leadership, expertise, importance de ses contributions…).
15,8 % des demandes ont abouti
Les auteurs ont comparé ces programmes afin de répondre à cette question : « compte tenu de l’importance cruciale d’obtenir des subventions pour la réussite de la carrière universitaire des chercheurs, quelles sont les causes des écarts entre les sexes dans le financement des subventions de recherche ? »
Au total, 23 918 demandes de subventions provenant de 7 093 investigateurs principaux (63 % d'hommes et 37 % de femmes) ont été analysées entre 2011 et 2016. Parmi elles, 15,8 % ont abouti à un financement.
Avec le programme Fondation qui s'appuie sur l'investigateur, les femmes avaient moins de chance d'obtenir des subventions. En effet, avec le programme Projet basé sur les données scientifiques, la différence en termes de taux de succès entre hommes et femmes était de 0,9 point de pourcentage (non significatif), tandis que l'écart se creuse avec le programme Fondation, avec 4 points de pourcentage. « Lorsque les évaluateurs sont censés évaluer la personne, on constate un taux de succès beaucoup plus faible chez les femmes », résume Holly Witteman, première auteure de l'étude.
« Notre étude fournit des preuves empiriques que les disparités entre les sexes en matière de financement proviennent du fait que les femmes sont moins bien évaluées en tant que chercheuses et non de différences en termes de qualité des propositions », soulignent les auteurs.
Les femmes, plus modestes ?
Trois explications potentielles ont été identifiées : un biais individuel dû à l'évaluation subjective des examinateurs, un biais systémique lié à la conception du programme de subvention et une performance inférieure, notamment dû au fait que les femmes seraient inconsciemment plus modestes.
Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre ce phénomène, mais si ces explications se confirment, les programmes de subventions devraient évoluer afin de réduire ces biais et garantir des chances égales aux femmes et aux hommes.
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