Une équipe de recherche menée par le CHU de Lille et l’Université de Lille propose un score biologique de fragilité utilisant la CRP, l’hémoglobine, l’albumine et la vitamine D, associés à l’âge et le sexe, des biomarqueurs qu’ils avaient identifiés dans une méta-analyse en 2020. Une fois développé l’algorithme pour établir le score, nommé bFrail, les chercheurs l’ont validé à partir des données électroniques de patients de plus de 50 ans hospitalisés à partir de la base Include (CHU de Lille). Ce score est présenté dans le BMJ Public Health.
« Plus de 80 échelles de fragilité ont été présentées dans la littérature ces dernières années, mais aucune d’elles n’est vraiment utilisée en pratique quotidienne », contextualisent les auteurs. En cause, le temps nécessaire pour les calculer, le manque d’équipement, mais surtout « l’absence d’un gold standard », détaillent-ils. Avec bFrail, les biomarqueurs choisis pour être facilement accessibles permettront une utilisation en pratique courante par tous les professionnels de santé, espèrent-ils. Ce score permettra d’identifier les patients nécessitant une évaluation par un spécialiste et une intervention la plus précoce possible pour tenter d’inverser l’état de fragilité et vieillir en santé.
En effet, des programmes de prévention comme Icope ont montré que repérer le plus tôt possible les facteurs de fragilité, et donc le risque de fragilité, permet de prévenir la perte d’autonomie. La fragilité peut ainsi être réversible au moyen d’interventions ciblées. « Avec l'augmentation de la proportion de personnes âgées dans le monde, la fragilité va devenir un enjeu majeur de santé publique mais aussi socio-économique, auquel les médecins généralistes et spécialistes seront de plus en plus souvent confrontés », ajoutent les auteurs.
Une bonne capacité prédictive négative
Les auteurs ont recherché parmi des patients de plus de 50 ans hospitalisés à l’hôpital universitaire de Lille entre janvier 2008 et décembre 2021 ceux pour qui les taux des biomarqueurs étaient compris dans les intervalles suivants : entre 0 et 20 mg/l pour la CRP, entre 10 et 16 g/dl pour l’hémoglobine, entre 30 et 50 g/l pour l’albumine et entre 0 et 60 ng/ml pour la vitamine D. Ils ont ainsi inclus 26 554 patients répartis dans une cohorte de développement de l’algorithme (n = 17 702) et une cohorte de validation (n = 8 852). Les participants avaient en moyenne 71,8 ans dans les deux cohortes et étaient à 55 et 57 % des femmes.
Pour évaluer la fragilité, les auteurs ont utilisé l’Hospital Frailty Risk Score (HFR), le score le plus adapté aux bases de données électroniques ; il était en moyenne de 5,4 dans la cohorte de développement et de 5,3 dans celle de validation. D’après le score HFR, 37,3 % de la cohorte de développement et 37,4 % de la cohorte de validation étaient considérés comme fragiles.
Les analyses de la cohorte de développement ont montré qu’une CRP comprise entre 6 et 10 mg/l comparée à une CRP inférieure à 6 mg/l augmentait le risque de fragilité (OR = 1,33) ; qu’une albumine supérieure ou égale à 35 g/l et une hémoglobine supérieure ou égale à 12 g/dl étaient associées à un risque plus faible de fragilité (OR = 0,87 et 0R = 0,86) ; et que des taux de vitamine D inférieurs à 20 ng/ml comparés à des taux supérieurs ou égaux à 30 ng/ml augmentaient le risque de fragilité (OR = 1,28).
Les auteurs ont ensuite développé un algorithme combinant ces quatre biomarqueurs avec l’âge et le sexe pour obtenir un score biologique prédictif de fragilité. Enfin les auteurs ont vérifié leur score avec la cohorte de validation et retrouvent une bonne capacité prédictive négative (83,7 %), à confirmer par d’autres études.
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