Les soins primaires continuent de se structurer. Après l’organisation dans les territoires (maisons de santé, CPTS, équipes de soins primaires et spécialisés), c’est la recherche qui semble marquer des points, comme l’a illustré la deuxième édition des Assises de la recherche en soins primaires, à Lyon, à l’initiative du Collège national des généralistes enseignants (CNGE). L’objectif est de mobiliser les acteurs directement concernés pour progresser sur la conceptualisation et l’élaboration de la recherche en soins primaires, puis son application concrète sur le terrain.
« En 2022, 2,8 milliards d’euros ont été consacrés à l’innovation et à la recherche appliquée en santé », a cadré Julie Lagrave, cheffe du pôle recherche et innovation à la direction générale de l’offre de soins (DGOS). Or, cette enveloppe comprend 1,9 milliard d’euros pour la compensation aux établissements de santé, 165 millions d’euros pour le financement des structures de recherche hospitalière et 188 millions d’euros pour le financement de nouveaux projets de recherche. Les soins primaires doivent donc trouver leur place dans un système encore très hospitalo-centré.
« La France arrive en 4e position pour le nombre de publications au niveau européen, avec 200 à 300 publications pour la recherche en soins primaires selon les années », souligne-t-elle. Les leaders dans ce domaine restent les Pays Bas, l’Allemagne et l’Espagne. « Notre objectif est d’accroître ce nombre de publications », insiste-t-elle. Les collaborations internationales se nouent en majorité avec les États-Unis, la Suisse et l’Australie.
Épauler les structures de médecine de ville, créer un écosystème
Les groupements interrégionaux pour la recherche clinique et l’innovation (Girci) orientent déjà les porteurs de projets et appuient les actions de recherche appliquée en santé portées par les établissements de santé mais aussi les structures de médecine de ville. Ils permettent ainsi aux équipes de bénéficier d’un appui réglementaire et méthodologique pour le montage des projets de recherche, d’informer et de former les professionnels à la recherche et de gérer déjà deux appels à projets : programmes hospitaliers de recherche clinique (PHRC), dotés de 25 millions d’euros et recherche en soins primaires interrégional (ReSP-Ir), doté de 10 millions d’euros. « Les trois objectifs de ReSP-Ir sont de produire des connaissances scientifiques, encourager les collaborations pluridisciplinaires et favoriser la création d’écosystèmes de soins primaires », souligne Julie Lagrave. En 2021, 42 lauréats avaient été choisis pour cet appel à projets (sur 94 dossiers déposés). Et en 2022, 42 ont encore été retenus (sur 72 dossiers).
Pour identifier les leviers afin de mieux structurer la recherche en soins primaires, la DGOS a aussi adressé un questionnaire aux acteurs concernés. « Les résultats révèlent un consensus sur la volonté de mettre en place une fédération nationale qui représente les soins primaires, plutôt focalisée sur la recherche. Et la majorité des participants souhaitent qu’une convention de recherche soit mise en place entre la DGOS et leur propre structure ou entre l’ARS et leur structure », développe Julie Lagrave.
Nous avons besoin de cette structuration car nous sommes en retard
Pr Paul Frappé, président du CMG
À cet effet, un groupe de travail sera mis en place dès la rentrée 2024 afin de structurer cette fédération nationale de recherche en soins primaires et travailler sur un modèle de convention. « Nous avons besoin de cette structuration car nous sommes en retard, abonde le Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale (CMG). Nous avons besoin de personnel, de financement et de formation ».
Mais toute la chaîne des soins primaires devra mieux s’organiser et s’identifier pour soutenir cette dynamique de recherche. « Si nous voulons structurer la recherche, il faut d’abord structurer l’exercice ! Il faut que les professionnels de santé puissent lever la tête du guidon et faire d’autres tâches que le soin, plaide le Dr Pascal Dureau, médecin généraliste, secrétaire général de la Fédération des CPTS. Pour cela, il faut développer les coopérations professionnelles, pour épargner du temps aux médecins ».
Avec aussi la nécessité que chacun puisse trouver sa place… « Nous sommes pour la création de la fédération, mais il faudra représenter tous les acteurs, pas que les médecins généralistes », complète le Pr Didier Duhot, au nom de la Fédération nationale des centres de santé.
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