Les édulcorants pourraient être associés à un risque accru de maladies cardiovasculaires (CV). Telle est la conclusion d’une étude française publiée le 8 septembre dans le British Medical Journal (BMJ).
Permettant de réduire la quantité de glucides et les calories associées tout en conservant un goût sucré, les édulcorants ont été présentés comme une alternative plus saine au sucre classique. Mais depuis plusieurs années, l'intérêt et l’innocuité de ces additifs alimentaires font débat.
Récemment, une étude observationnelle française, menée par des chercheurs de l'Inserm, a montré que les personnes consommant le plus d'édulcorants (aspartame et acésulfame-K notamment) avaient un risque plus élevé de cancer. Plusieurs études ont par ailleurs établi un lien entre la consommation d'édulcorants artificiels ou de boissons édulcorées et la prise de poids, l'hypertension artérielle et l'inflammation. « Mais les résultats restent discordants quant au rôle des édulcorants artificiels dans la survenue de diverses maladies, notamment cardiovasculaires », souligne le BMJ dans un communiqué. De plus, plusieurs études observationnelles ont utilisé la consommation de boissons édulcorées comme indicateur pour explorer le risque cardiovasculaire, mais aucune n'a mesuré l'apport d'édulcorants artificiels dans l'alimentation globale.
Des données issues de la cohorte NutriNet-Santé
Pour combler cette lacune, l'équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) de l’Inserm s'est penchée sur les données de santé et de consommation d'édulcorants de 103 388 Français et Françaises adultes participant à la cohorte NutriNet-Santé.
Les apports alimentaires et la consommation d'édulcorants artificiels ont été évalués et une série de facteurs jouant potentiellement sur la santé, comme le mode de vie et les facteurs sociodémographiques ont été pris en compte. Les édulcorants artificiels de toutes les sources alimentaires (boissons, édulcorants de table, produits laitiers, etc.) ont été inclus dans l'analyse.
Au total, 37 % des participants consommaient des édulcorants artificiels, avec un apport moyen de 42,46 mg/jour, « ce qui correspond à environ un sachet individuel d'édulcorant de table ou 100 ml de soda light »,précise le communiqué du BMJ.
Des analyses statistiques ont étudié le lien entre ces consommations et la survenue d’évènements cardiovasculaires.
Des conclusions discutées
Résultats : dans cette étude, les édulcorants artificiels, notamment aspartame, acésulfame-K et sucralose, étaient associés à un risque accru de maladies cardiovasculaires, cérébrovasculaires et coronariennes. En effet, au cours d'une période de suivi moyenne de neuf ans, 1 502 événements cardiovasculaires sont survenus avec taux absolus de 346 pour 100 000 personnes-années chez les grands consommateurs et de 314 pour 100 000 personnes-années chez les non-consommateurs.
Les édulcorants artificiels étaient plus particulièrement associés au risque de maladie cérébrovasculaire (taux absolus de 195 pour 100 000 personnes-années chez les gros consommateurs supérieurs et de 150/100 000 chez les non-consommateurs, respectivement).
« Ces résultats, en accord avec le dernier rapport de l'OMS publié cette année, ne soutiennent pas l'utilisation d’édulcorants en tant qu'alternatives sûres au sucre », estime le Dr Mathilde Touvier, directrice de recherche à l'Inserm et coordinatrice de l'étude.
Une conclusion jugée trop hâtive par certains. Ainsi, selon l’AFP, Naveed Sattar, professeur de médecine des maladies métaboliques à l'université de Glasgow, estime que cet article « ne peut répondre à la question posée » et « suggère beaucoup trop fortement un lien de causalité entre les édulcorants et les maladies cardiovasculaires » avec une méthodologie pas assez solide, alors qu’il faudrait des « essais randomisés à plus long terme et de plus grande envergure ».
« Il s'agit d'une étude observationnelle qui ne peut pas établir de relation causale », reconnaissent les auteurs qui n’excluent pas que d'autres facteurs confondants aient pu affecter leurs résultats. Néanmoins, « cette vaste étude a évalué la consommation d'édulcorants artificiels des individus à l'aide de données alimentaires précises et de haute qualité, et les résultats sont conformes à d'autres études reliant l'exposition aux édulcorants artificiels à plusieurs marqueurs de mauvaise santé ».
En tant que tels, les chercheurs affirment que leurs résultats ne suggèrent aucun avantage, sur le plan des maladies cardiovasculaire, à remplacer le sucre ajouté par des édulcorants artificiels.
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