Cette année, le prix Nobel de physiologie et de médecine a été décerné à Harvey J. Alter, Michael Houghton et Charles M. Rice pour la découverte du virus de l’hépatite C, qui, d’après l’OMS, toucherait près de 70 millions d’individus dans le monde.
Les travaux d’identification du virus menés par ces chercheurs « ont rendu possibles les tests de dépistage et l’arrivée de nouveaux médicaments, qui ont sauvé des millions de vies », affirme l’Assemblée Nobel de l’Institut Karolinska dans un communiqué. Si aujourd'hui les antiviraux à action directe (AAD) permettent de traiter l’hépatite C dans plus de 95 % des cas et de réduire ainsi la morbimortalité liée à l’infection, « la plupart des cas d’hépatite à diffusion hématogène restaient [encore] inexpliqués » il y a seulement 30 ans. Et si les virus de l’hépatite B et de l’hépatite A ont été identifiés respectivement en 1965 et en 1973, il a en effet fallu attendre une à deux décennies supplémentaires pour que l’agent causal de l’hépatite C soit découvert.
Identification d’une hépatite « non A, non B »
C’est Harvey J. Alter qui, étudiant la survenue d’hépatites chez les patients ayant reçu des transfusions sanguines, a été le premier à suggérer qu’un virus inconnu pourrait causer un nombre important d’hépatites chroniques, explique l’Institut Karolinska.
À l’époque, des tests de dépistage du virus de l’hépatite A et du virus de l’hépatite B venaient d’être développés, raconte l’Institut. Bien que ces tests, pratiqués sur les poches de sang, aient permis de réduire l’incidence de l’hépatite chronique au sein la population des transfusés sanguins, Alter et ses confrères ont observé que de nombreuses transfusions continuaient de donner lieu à des hépatites associées ni au virus de l’hépatite A, ni au virus de l’hépatite B. Afin de démontrer le caractère infectieux de ces hépatites à la cause encore inconnue, Alter et son équipe ont alors exposé expérimentalement des chimpanzés à du sang de patients malades. Résultat : les chimpanzés ont eux aussi développé une hépatite.
En 1978, de nouvelles études ayant mis en évidence les caractéristiques virales de ce nouvel agent infectieux, ces hépatites inexpliquées ont rapidement été désignées comme « non A, non B ».
Isolement du génome du virus de l’hépatite C
Il a ensuite fallu attendre 11 ans et l’isolement du génome de ce nouvel agent pathogène par Michael Houghton pour que le virus de l’hépatite « non A, non B » prenne le nom de « virus de l’hépatite C ».
C’est que la caractérisation de l’ARN de ce virus s’est avérée particulièrement difficile. Pour y parvenir et rattacher cet agent pathogène au genre Flavivirus, Michael Houghton et son équipe ont en effet dû « créer une collection de fragments d'ADN à partir d'acides nucléiques trouvés dans le sang d'un chimpanzé infecté » et sélectionner les fragments viraux en recourant à des sérums de patients malades contenant des anticorps dirigés contre le virus inconnu, explique l’Institut Karolinska.
Démonstration de la pathogénicité du virus de l’hépatite C
Restait à savoir si ce virus de l’hépatite C était capable de provoquer, seul, une hépatite chronique. C’est à cette question qu’a répondu Charles M. Rice en 1997.
Avec son équipe, ce chercheur a en effet montré que le virus identifié par Houghton était capable de se répliquer et de provoquer la maladie : leurs travaux ont mené à l’isolement de régions particulières du génome viral, qui, administrées à des chimpanzés, ont reproduit chez l’animal des signes d’hépatite C humaine.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation