Sida : l’efficacité de la PrEP est confirmée par le second volet d'Hypergay 

Publié le 20/07/2016
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

L’essai clinique franco-canadien ANRS IPERGAY mené par l’association AIDES a confirmé l'efficacité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) « à la demande » comme moyen de prévention contre le VIH chez les hommes ayant des relations homosexuelles. Les résultats sont présentés lors de la 21e conférence internationale sur le SIDA à Durban.

Fin 2015, une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) a été publiée pour le Truvada suite aux demandes des associations anti-sida et de plusieurs chercheurs. Le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, a d'ailleurs salué cette décision ainsi que le fait que le médicament soit à présent pris en charge à 100 %.

De nouveaux résultats encourageants

Cet essai ANRS IPERGAY concernait les hommes séronégatifs ayant des relations homosexuelles mais qui ont reconnu avoir des comportements à risques dans les six mois avant le début de l’étude. Lancée en 2012, la première phase consistait en un test en double aveugle où la moitié des participants prenaient du Truvada par voie orale au moment des rapports sexuels et l’autre moitié un placebo. Les résultats étaient sans appel : pris au moment de l’activité sexuelle, le PrEP a diminué de 86 % le risque d’infection. Suite à ces conclusions, l’essai est entré dans sa seconde phase en novembre 2014 où tous les participants ont reçu le Truvada. Sur les 362 volontaires, un seul a contracté le virus alors qu’il avait interrompu le traitement. L’incidence s’élève donc à 0,19 infection pour 100 personnes par année de suivi.

Plusieurs études ont auparavant démontré que l’usage du Truvada diminuerait de 90 % le risque de contracter le virus. Dernièrement, des travaux de modélisation d’une équipe américaine évoquaient la possibilité de réduire d'un tiers sur une période de 10 ans les cas d’infection au VIH chez les hommes ayant des relations avec les hommes grâce à la PrEP. « La question n’est plus aujourd’hui de savoir si la PrEP est efficace et doit être utilisée, mais comment la mettre rapidement à disposition des personnes les plus à risque », ajoute le Pr Jean-François Delfraissy.

Pilule ou capote ?

Avec ces évolutions, on peut se demander ce qu’il en est de l’utilisation du préservatif ? L’analyse des comportements des volontaires réalisée pendant cette seconde phase montre une légère baisse de son usage, en particulier chez les personnes qui y avaient recours fréquemment lors de la phase en double aveugle. En revanche, cette réduction est très majoritairement compensée par l’utilisation de la PrEP. « La diminution de l’utilisation du préservatif dans l’essai "en ouvert" n’est pas inquiétante pour l’instant », conclut le Dr Bruno Spire qui présente les résultats de cette étude comportementale à Durban.

L’ANRS va continuer dans sa lancée en mettant en place un autre projet de recherche à grande échelle baptisée ANRS PREVENIR qui se déroulera en Ile de France à partir de fin 2016 sur près de 3 000 personnes qui demeurent à haut risque d’infection. Ce projet vise à diminuer le nombre de nouveaux cas et mesurera le bénéfice d’un accompagnement sur l’observance et le maintien des participants à utiliser la PrEP à long terme.

La PrEP fait actuellement l’objet de plusieurs programmes d’implantation dans certaines villes, majoritairement aux États-Unis et bientôt en Europe. Paris serait la première capitale européenne a lancé ce genre de projet dans les groupes les plus à risques. En effet, la déclaration de Paris signée en décembre 2014 engage les grandes citées du monde à atteindre dès 2 020 l'objectif des 3x90, soit 90 % des séropositifs diagnostiqués, 90 % d'entre eux sous traitements, et 90 % vivant avec une charge virale sous contrôle. la ville veut donc mettre en place une communication intensive et diversifiées sur la PrEP ou sur la promotion de la qualité des préservatifs. Ce programme vise en priorité les jeunes homosexuels, notamment dans les universités et les écoles post-bac.

 

Roxane Curtet

Source : lequotidiendumedecin.fr