L’arrivée des vaccins à ARNm pourrait avoir un impact dans la lutte contre des maladies infectieuses autres que le Covid-19. C’est ce que suggère une étude américaine publiée jeudi dans Nature, qui fait état de résultats certes très préliminaires mais encourageants avec un candidat vaccin à ARNm développé contre le VIH.
ARNm codant pour deux antigènes du VIH
Tandis que la recherche de vaccins contre le VIH s’est pour le moment soldée par de nombreux échecs, l’émergence de vaccins à ARNm a suscité de nouveaux espoirs. En effet, une technologie vaccinale fondée sur l’ARNm pourrait autoriser une plus grande évolutivité que les vaccins traditionnels, « une considération importante pour les virus à mutation rapide comme le VIH », explique la virologue sud-africaine Lynn Morris dans un commentaire de la publication de Nature. De plus, les vaccins à ARNm pourraient s’avérer capables de stimuler « à la fois les lymphocytes B et les lymphocytes T ».
Ainsi des chercheurs américains ont-ils mis au point, en collaboration avec Moderna, un vaccin à ARNm codant pour plusieurs antigènes viraux : la protéine d’enveloppe du VIH-1 (Env) ainsi que la protéine structurelle spécifique au groupe du VIH (Gag). Une stratégie censée « générer des particules pseudovirales (VLP) capables de provoquer une réponse humorale ». Les auteurs du présent travail ont ensuite testé ce candidat vaccin chez la souris puis chez le macaque – avec une adaptation du produit aux antigènes du virus de l’immunodéficience simienne (VIS).
Réponse immunitaire et protection chez le primate
Au total, après un schéma vaccinal comprenant plusieurs rappels, les singes ont bien développé une réponse immunitaire. Sept injections d’abord d’un ARNm codant uniquement pour Env puis du candidat vaccin à ARNm codant pour les deux antigènes « ont suscité des anticorps neutralisants […] accompagnés de solides réponses cellulaires », se félicitent les chercheurs.
Mais surtout, une fois exposés au VIS, les primates ont moins souvent développé une infection que d’autres singes n’ayant pas reçu le vaccin. « Les animaux vaccinés présentaient une réduction du risque [d’infection] de 79 % par exposition après mise en contact répétée avec de faibles doses du VIS par voie intrarectale », détaillent les auteurs.
En outre, si à la fin de l’expérience, après de nombreuses inoculations, seuls 2 des 7 animaux ayant reçu le vaccin n’avaient pas développé d’infection, les 5 autres ont été infectés « avec un retard significatif » par rapport à ceux n’ayant pas reçu de vaccin. Soit après 8 semaines, contre 3 semaines pour les autres.
Un profil de sécurité favorable
Ainsi les auteurs concluent-ils au caractère « prometteur » de leur vaccin. D’autant que celui-ci pourrait présenter un bon profil de sécurité. Seuls des effets indésirables modérés tels que des pertes temporaires d’appétit auraient été observés chez les macaques.
Si ces résultats restent à confirmer chez l’Homme, l’ARNm n’est pas la seule technologie vaccinale prometteuse contre le VIH. Par exemple, en France, le Vaccine Research Institute (VRI) promeut un candidat fondé sur une stratégie complexe, recourant à trois nouveaux produits.
Une stratégie fondée sur trois innovations testée en France
En effet, le principe actif de son vaccin expérimental consiste en un anticorps monoclonal dirigé contre le récepteur CD40 de la surface des cellules dendritiques et attaché à une protéine antigénique d’enveloppe du virus. Un complexe qui permet d’adresser directement l’antigène aux cellules de l’immunité intéressantes et ainsi d’en diminuer la quantité et de réduire les effets indésirables.
Cet anticorps devrait par ailleurs être administré en combinaison avec un nouvel adjuvant, nommé poly-ICLC, qui consiste en un ARN double brin capable de stimuler l’activité les cellules dendritiques.
En outre, diverses études ayant montré l’intérêt de schémas hétérologues, une co-administration d’un second candidat vaccin, cette fois à ADN et déjà testé chez l’Homme au cours de 6 études cliniques, est prévue.
Cette stratégie innovante serait d’ailleurs plus avancée que le vaccin à ARNm américain. Comme l’expliquait en février 2021 l’infectiologue Jean-Daniel Lelièvre, qui prend part au développement du vaccin français, le candidat du VRI aurait déjà fourni des résultats « très intéressants » chez des primates non humains – ce qui le placerait « en extrêmement bonne position » par rapport à d’autres produits testés en conditions similaires. Si bien que de premiers essais sur l’Homme ont été lancés dès mars dernier.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation