J'EXPLIQUE
• 15 à 20 % de la population souffrent de manière intermittente de reflux gastro-œsophagien (RGO) et 4 à 7 % quotidiennement.
• Le RGO est lié à une remontée du contenu gastrique à travers l’œsophage jusqu'à la gorge du fait d'une hyperpression abdominale et/ou d'une mauvaise occlusion du système anti-reflux de l'estomac (cardia).
Il est plus fréquent après 50 ans du fait d'un relâchement des tissus. Il est favorisé par la grossesse, des efforts de toux répétés et une surcharge pondérale.
• Source d'inconfort digestif après le repas, le RGO conduit parfois, d'une manière spontanée, à éviter les repas trop copieux et arrosés.
• Les symptômes typiques sont les brûlures rétrosternales ascendantes (liquide digestif qui remonte derrière le sternum) et les régurgitations (présence d'une partie du contenu gastrique dans la gorge).
• On retrouve aussi des symptômes plus atypiques comme des brûlures épigastriques, des douleurs thoraciques, une toux chronique quand le contenu de l'estomac vient régulièrement irriter le pharynx (carrefour aéro-digestif entre la trachée et l’œsophage). Ces symptômes atypiques orientent parfois les examens vers d'autres diagnostics et sont sources de retard au diagnostic et au traitement.
• Le reflux gastro-œsophagien peut en effet être à l'origine de bronchites à répétition, d'infections de la sphère ORL, d'enrouement de la voix, d'érosions dentaires du fait de l'acidité des régurgitations, de douleurs thoraciques évoquant une pathologie cardiaque.
• L'examen clinique ne permet pas de poser le diagnostic mais la présence d'une surcharge pondérale est en faveur de ce diagnostic qui est le plus souvent un diagnostic d'interrogatoire.
JE PRESCRIS
• Les symptômes typiques (remontées acides, régurgitations) permettent le plus souvent d'affirmer le RGO et de commencer un traitement hygiéno-diététique et médicamenteux.
• Une fibroscopie n'est nécessaire qu'en présence de symptômes atypiques ou d'une persistance de la symptomatologie malgré le traitement hygiéno-diététique et médicamenteux. Elle permet d'affirmer le diagnostic en cas d’œsophagite ulcérée et de dépister les complications ou des lésions pré-cancéreuses par des biopsies locales.
• Une pHmétrie est parfois prescrite pour prendre la mesure de « l'acidité » du milieu gastrique.
• Les mesures hygiéno-diététiques à mettre en œuvre sont la surélévation de la tête du lit, un délai de trois heures entre le dîner et le coucher, un amaigrissement en présence d'une surcharge pondérale, la réduction des repas gras et épicés, des boissons gazeuses et de l'alcool…
• Les topiques, anti-acides et alginates soulagent les symptômes intermittents mais ne permettent pas la cicatrisation de lésions œsophagiennes éventuelles.
• Les antagonistes des récepteurs H2 de l'histamine sont efficaces contre les symptômes du reflux et les lésions d’œsophagite après un traitement de 4 à 6 semaines.
• Les IPP sont efficaces aussi sur les symptômes du reflux et les lésions d’œsophagite. Ils peuvent être prescrits de manière intermittente ou à la demande en présence de reflux modérés et non compliqués d’œsophagite.
• Enfin, la chirurgie par laparoscopie (fundoplicature), qui restaure l'occlusion du système anti-reflux du bas œsophage, reste réservée aux RGO résistantes aux mesures hygiéno-diététiques et médicamenteuses.
• L’automédication est aujourd’hui possible avec des médicaments qui traitent les symptômes du RGO. Mais il faut informer sur la présence de risques de complications si cette automédication se prolonge et sans exploration sur les causes des symptômes.
J'ALERTE
• Il faut consulter rapidement en présence de reflux qui s'accompagnent de difficultés à déglutir (dysphagie), de présence de sang dans les régurgitations, d'un amaigrissement récent avec altération de l'état général.
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