Alors que le gouvernement avait consciencieusement mis en place une politique de tests, de traçage et d'isolement efficace au début de la pandémie (clusters de Creil, Contamines...), il y a finalement renoncé, a expliqué en substance Alain Milon, sénateur et rapporteur de la commission pour l'évaluation des politiques publiques face à la gestion de la pandémie le 10 février. Et d'enfoncer le clou : « Sur les trois pans de la stratégie, la constance mais aussi les moyens ont fait défaut. » Malgré un déploiement rapide des équipes de recherche, le passage au stade industriel n'a pas été chose facile. D'où « une approche malthusienne du recours aux tests », alors que les pays voisins mettaient en œuvre un dépistage massif et que l'OMS exhortait les États à y recourir. Les laboratoires privés n'avaient pas été mis dans la boucle. Concernant l'isolement des malades et des personnes contact, le sénateur reproche au Premier ministre d'alors (Édouard Philippe) de ne pas avoir contraint ces personnes à l'isolement alors que les capacités hôtelières l'auraient permis avec la mise à l'arrêt du tourisme et des voyages. En témoigne la proposition de la région Ile-de-France d'avoir proposé 7 000 lits qui a eu une fin de non-recevoir. « C'est bien la volonté qui a fait défaut », assène Alain Milon. Pis, la commission qu'il préside n'est pas certaine que les pouvoirs publics aient tiré des leçons de cette crise : si une nouvelle pandémie plus contagieuse et plus létale devait arriver, il n'est pas certain que l'on ait les moyens et la volonté politique pour y faire face.
« Une crise est une perte de contrôle »
« L'heure n'est pas encore au bilan pour un débat démocratique. Nous sommes encore en pleine crise », lui répond Olivier Véran, ministre de la Santé. Et d'insister sur le caractère aléatoire du virus : « Une crise, c'est une perte de contrôle qui nous dépasse. » Selon le ministre, le travail d'analyse de cette crise doit impérativement prendre en compte le fait que cette dernière est loin d'être terminée. Il rappelle qu'il est bien conscient de l'importance de sa mission qu'il mène depuis presque un an après avoir remplacé Agnès Buzyn : « L'intérêt général est ma seule boussole », conclut-il.
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