SÉGOLÈNE ROYAL s’est contentée de dire qu’elle restait disponible pour travailler avec les instances du parti et qu’il n’est pas vrai qu’elle ait refusé de collaborer, comme l’a prétendu Mme Aubry. L’ex-candidate à la présidence de la République n’a pas voulu alimenter des divisions et des haines qui ont tant été reprochées au PS, ni prendre la responsabilité d’une bataille de plus, alors que les militants exigent que le parti reprenne ses esprits et s’occupe non plus de se diviser mais de s"opposer à Nicolas Sarkozy.
Elle n’en pense pas moins : le courant qu’elle représente a attiré la moitié des voix des militants. Bien sûr, rien ne prouve que, parmi ceux qui ont voté Royal, aucun ne se retrouve dans la ligne très à gauche que vient de dessiner Martine Aubry sous la forte influence de Benoît Hamon. Les suffrages d’un jour ne sont pas inscrits dans le marbre et les convictions des militants sont tout aussi fluctuantes que celles de leurs leaders.
L’autre route.
Il demeure que Mme Aubry est en train de façonner un parti selon ses goûts. Elle a transformé une pétaudière en machine bien huilée. Elle n’y est pas parvenue sans mal, mais le résultat est que, débarrassée de Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, soutenue par Laurent Fabius, associée à Benoît Hamon, elle a acquis sur le parti une autorité que Ségolène Royal aura beaucoup de mal à saper. Fidèle à elle-même, Martine Aubry a choisi la route inverse de celle de Mme Royal : loin d’avaler le parti comme sa rivale aurait souhaité le faire, elle l’a conquis de l’intérieur avec un sang-froid mais aussi un cynisme remarquables, puisqu’elle n’a tenu aucun compte du score de Ségolène Royal, qu’elle a su circonvenir M. Delanoë et qu’elle contrôle M. Hamon tout en le présentant comme l’incarnation du « renouveau ». Qu’entre-temps, le PS ait basculé plus à gauche ne la dérange pas du tout. Elle se dit social-démocrate, mais c’est une expression qui recouvre toutes sortes d’idéologies : Mme Royal aussi est social-démocrate et M. Hamon, le plus à gauche de tous, croit l’être probablement.
Des éléments objectifs militent pour cette évolution du PS, à commencer par une crise qui fait souffrir un très grand nombre de Français, lesquels réclament tous les soins que l’État peut leur prodiguer. Les décombres causés par les déchirements du congrès de Reims n’ont pas encore été déblayés que déjà les porte-parole du PS critiquent le plan de relance du gouvernement au motif qu’il ne fait rien pour le pouvoir d’achat de nos concitoyens. C’est un summum de mauvaise foi : investir, c’est créer du pouvoir d’achat ; permettre aux PME d’obtenir des lignes de crédit, c’est conserver les emplois et donc protéger le pouvoir d’achat des salariés ; engager des projets industriels ou d’infrastructure, c’est transformer des chômeurs en employés, donc donner du pouvoir d’achat. Les socialistes en sont encore à dire qu’il fallait mettre tout simplement de l’argent dans la poche des gens, par exemple par un versement dès ce mois-ci pour tous ceux qui gagnent le SMIC ou moins. Cela aurait consisté à augmenter les importations et à relancer l’économie de nos partenaires commerciaux, comme la Chine ; cela aurait déclenché un regain d’inflation. Quand ils étaient au pouvoir, en 1981-1983, les socialistes ont amélioré le pouvoir d’achat. En 1983, les caisses de l’État étaient vides, et la gauche perdait les municipales. M. Sarkozy, en réalité, a adopté le moins mauvais de tous les plans possibles.
Mais il est normal que l’opposition s’oppose et si ce ne sont pas des larmes de crocodile que la majorité a versées quand elle a regretté la quasi-disparition du PS, « nécessaire au bon équilibre des institutions », alors tout le monde se fera une raison au sujet du clivage énorme que la crise entraîne entre une droite qui gouverne et qui est très à droite et une gauche dans l’opposition plus à gauche que jamais. Sûrement, avec l’aide M. Hamon, Mme Aubry espère de cette manière empêcher la fuite des militants socialistes vers le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot. En même temps, elle ferme la porte, comme elle le souhaitait, à une ouverture en direction du MoDem de François Bayrou, bien que, ces derniers mois, il ait incarné l’opposition bien mieux que les socialistes. Mme Aubry n’a pas voulu s’acoquiner avec le centre, elle a donc tiré un trait sur l’aventure dans laquelle Mme Royal s’est engagée en 2007.
Un troisième larron ?
Le défaut de cette stratégie n’est pas mince : elle risque de priver la gauche d’un retour au pouvoir en 2012. L’enfermement du PS dans une ligne trop restrictive résulte du caractère et des convictions de Martine Aubry, certes social-démocrate, mais autoritaire jusqu’à préférer les apparatchiks aux rénovateurs. Même si la crise dure et met du vent dans les voiles de la gauche, Mme Aubry, à notre avis, est incapable de gagner l’élection présidentielle. Un sondage publié lundi par notre confrère « Libération » montre qu’aux yeux des Français comme des militants socialistes, elle arrive en quatrième position comme candidate qu’ils soutiendraient, après Dominique Strauss-Kahn, Ségolène Royal et Bertrand Delanoë. Bien entendu, un sondage réalisé trois ans et demi avant l’échéance ne signifie pas grand-chose. Mais celui-ci montre que la rivalité entre Mmes Aubry et Royal pourrait se terminer par la victoire d’un troisième larron qui attend que le parti s’épuise dans ses rituelles palinodies.
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