LE QUOTIDIEN : Suppression du périphérique, covoiturage, mobilités douces, les propositions des candidats à Paris visant à supprimer les sources de pollution se multiplient. La bataille des municipales se jouera-t-elle sur les questions environnementales et écologiques ?
BENJAMIN GRIVEAUX : Cela se fera sur un ensemble de sujets. Pour l'écologie, je choisis d'en faire une question centrale et de l'aborder à hauteur d'être humain. La fonte des glaces, le réchauffement de 2°, sont des réalités, mais parfois trop lointaines. Le meilleur moyen pour convaincre est de partir de ce qui est vécu aujourd'hui par les familles.
J'en ai une expérience personnelle avec mes deux jeunes enfants et ma mère qui a des difficultés respiratoires lors de ses séjours à Paris. Les plus fragiles d'entre nous sont immédiatement touchés par la pollution.
Si le cap est donné, alors il devient possible de changer les choses, de changer les habitudes et de se répartir de certains modes de fonctionnement. On ne peut plus vivre dans une ville qui fabrique des handicapés respiratoires à vie. Les estimations chiffrent à 6 600 par an le nombre de décès liés aux complications respiratoires à Paris et dans les communes limitrophes. C'est le double des morts sur les routes de France chaque année. Ce n'est pas acceptable.
Pour les enfants, vous proposez la mise en place de trois examens respiratoires systématiques, à l'entrée en maternelle à 3 ans, au primaire à 6 ans et au collège à 11 ans. Comment comptez-vous mettre en œuvre cette mesure et dans quels buts ?
L'objectif est à la fois de mesurer l'état de santé, de prévenir et de détecter. Les données manquent aujourd'hui, et cette cartographie de l'état respiratoire de la jeunesse parisienne sera utile pour alimenter la recherche, améliorer les traitements et anticiper les comportements à risque. Ces données permettront de mesurer l'action politique menée au terme des 6 ans de mandat. Aujourd'hui, on a déplacé la pollution là où les gens habitent et la qualité de l'air s'est dégradée dans l'Est parisien.
Suite à de nombreux échanges avec des professionnels de santé et des pneumologues, je propose l’instauration d’un examen respiratoire avec une évaluation en deux temps : un questionnaire adressé aux parents portant sur l'environnement de l'enfant (antécédents familiaux, exposition au risque à domicile, notamment tabagisme parental, proximité d'un réseau routier, etc.) et un test respiratoire en cours de sport à l'aide d'un Peak Flow avant et après un effort physique. Cela concerne 60 000 enfants chaque année pour un coût de 6 millions d’euros. Des professionnels de santé seront en charge de cette mission et il faut explorer également des pistes alternatives, par exemple dans le cadre du service sanitaire.
Pour améliorer la qualité de l'air, des mesures très simples peuvent être utiles, comme l'aération des salles de classe 5 minutes le matin et à la pause méridienne. L'endroit le plus pollué, c'est la salle de classe avec la peinture et l’utilisation de certaines colles. C’est pourquoi je souhaite le changement des systèmes d’aération des 8 000 salles de classe parisiennes pour un coût d’environ 10 millions d’euros par an. Il faut également promouvoir les gestes du quotidien, par exemple se mettre en retrait de 1m50 en attendant de traverser les artères de circulation très denses.
Vous évoquez la conversion électrique des deux-roues et la fin des moteurs thermiques à l'horizon 2030. Quelles mesures proposez-vous pour réduire les sources de pollution dans l'immédiat ?
Les autocars de tourisme, qui sont près de 1500 à 2000 à rouler chaque jour dans Paris et les utilitaires professionnels, notamment de livraison, concentrent à eux seuls 50 % de la pollution automobile à Paris. Les autocars, souvent au diesel, tournent en permanence depuis que les amendes ont été triplées en cas de stationnement, ce qui crée de la pollution et des embouteillages. La ville de Rome a réussi à faire sortir les autocars du centre. Je me donne 3 ans pour que les autocars de tourisme à diesel n'entrent plus dans Paris sous peine d'amendes fortes. Seuls les véhicules propres le pourront, qu'ils soient à hydrogène, hybrides, électriques et/ou de taille plus réduite. Pour les utilitaires, je propose une prime à la conversion pour faciliter la transition énergétique et accompagner les professionnels.
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