Le dépistage du cancer colorectal n’arrive pas à décoller. C’est un constat insatisfaisant que publie Santé publique France (SPF) à l’occasion de Mars bleu. Le taux de participation stagne à 29,6 % pour la période 2023-2024, à un niveau comparable à celui de 2020 et « toujours inférieur au seuil européen acceptable », déplore l’agence sanitaire.
Pourtant, avec chaque année plus de 47 000 nouveaux cas et plus de 17 000 décès, le cancer colorectal est, en France, « le troisième cancer le plus fréquent et la deuxième cause de décès par cancer », rappelle SPF. Lancé en 2008-2009, le programme de dépistage organisé peine à porter ses fruits.
Pour l’année 2024, le taux de participation-population cible est de 28,4 % ; il était de 28,5 % en 2022 (année de comparaison) et de 30,8 % en 2023, rapporte SPF dans son analyse. Autrement dit, sur les 20,8 millions de personnes cibles pour 2023-2024, seuls 6,2 millions ont réalisé le test.
Les femmes participent un peu plus que les hommes (30,7 % versus 28,5 %). Certains départements affichent de meilleurs scores (>37%), dans les Vosges, en Isère et surtout en Ille-et-Vilaine (38,4 %), tandis que d’autres sont en queue de peloton (<20%), en Guyane (8,0 %), en Corse (16,3 %) et en Martinique (19,5 %).
La plupart des régions connaissent une baisse des taux de participation entre 2022 et 2024, entre -2,6 et -1,8 points de participation, sauf deux, la Nouvelle Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes, qui affichent une progression.
Un bon point, la proportion de personnes avec un test non analysable non refait reste faible (2,7 %) stable par rapport à 2022-2023 (2,7 %) et inférieure au référentiel européen de 3 %. Au total, 201 961 personnes ont eu un résultat de test positif, soit une proportion de 3,3 %, comparable à celle de la période 2022-2023 (3,3 %).
Des campagnes d’incitation multiples
Des freins persistent pour le dépistage, comme le montre une récente enquête sur 1 000 Français menée par la Société de gastroentérologie (SNFGE). « Deux tabous perdurent notamment : le caractère gênant de la collecte des selles et la peur du résultat sont toujours très présents », expliquait au Quotidien la Dr Isabelle Rosa (CHI de Créteil), présidente de la SNFGE. La coloscopie génère une appréhension chez sept personnes sur 10 : 21 % redoutent la purge préalable, 10 % craignent l’anesthésie, sans oublier les craintes de douleurs et la peur des complications fréquemment rapportées.
Une désaffection pour le dépistage que les acteurs veulent renverser avec le lancement cette année de plusieurs campagnes. Si la brochure « Cooloscopie » de la société savante se veut rassurante et pédagogique, la Ligue contre le cancer a choisi une campagne choc avec le slogan « Va chi*r », adouci en sous-titre « Dites-le à ceux que vous aimez, ça peut leur sauver la vie ». La fondation A.R.CA.D (Aide et Recherche en Cancérologie Digestive) choisit l’humour avec Titoff avec la campagne #DepisteTesDarons, où les plus jeunes sont mis à contribution pour inciter les plus âgés au dépistage.
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