Quelques jours après l’alerte des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux sur l’exposition de la société française au cadmium, un métal reconnu cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction, les reins et les os, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé le remboursement « à l’automne en médecine de ville » des dépistages de l’imprégnation.
Les Français, et notamment les jeunes enfants, sont fortement contaminés par ce métal toxique via l’alimentation - les céréales et le pain en particulier – du fait de l’utilisation d’engrais phosphatés. Ces éléments s'accumulent dans l'organisme et exposent à un risque accru de pathologies cardiovasculaires et de cancer, rappelaient les URPS médecins libéraux à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement.
Ces professionnels ont « fait remonter l'intérêt d'un dépistage » de cette substance ciblant les patients à risque, a reconnu Yannick Neuder, interrogé à l'Assemblée nationale par la députée écologiste Sandrine Rousseau. « Ce dépistage est remboursé à l'hôpital et il le sera à l'automne en médecine de ville », a-t-il poursuivi. Selon le ministère, « les travaux sur le remboursement des tests de dépistage du cadmium pour les personnes à risque, et le cadre de ce remboursement, sont en cours avec l'objectif d'avoir défini » ce périmètre d’ici la fin 2025.
Vers un abaissement des seuils autorisés dans les engrais ?
Les URPS médecins libéraux réclamaient aussi « un alignement le plus rapide possible aux recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement (Anses) sur la charge en cadmium maximale des engrais phosphatés ». En 2021, l’Agence s’était prononcée en faveur d’un seuil à ne pas dépasser, fixé à 20 mg de cadmium par kilo d'engrais phosphatés. « Cette valeur permettra la stabilisation de la contamination seulement après plusieurs décennies », précisait l’Anses. Le ministre a affirmé qu'il sera « particulièrement vigilant sur l'arrêté que doit prendre le ministère de l'Agriculture sur ce sujet, comme l'ont fait d'autres pays, comme la Finlande, la Pologne ou la Roumanie ».
Par ailleurs, la proposition de loi visant à instaurer un registre national des cancers pour améliorer le suivi de cette maladie, adoptée en avril 2023 au Sénat, a été inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale le 23 juin, a noté Yannick Neuder. Pour l’heure, les registres départementaux existants ne couvrent que 21 à 24 % de la population française.
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