Covid-19 et prise en charge du cancer : pour les experts, le pire est peut-être à venir

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Publié le 18/09/2020
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Si le retard diagnostique n'est pas rattrapé, le risque de perte de chance pour les patients est réel.

Si le retard diagnostique n'est pas rattrapé, le risque de perte de chance pour les patients est réel.
Crédit photo : GARO/PHANIE

« Je suis inquiet ». À l’occasion de la conférence de presse de rentrée d’Unicancer, le Pr Axel Khan s’est montré préoccupé par l’impact que risque d’avoir la reprise de l’épidémie de Covid-19 sur la prise en charge et la prévention des cancers. Alors que de nombreux actes diagnostiques ou thérapeutiques prévus avant l'été ont été reportés, le Président de la Ligue contre le cancer craint que le retour du SARS-CoV-2 n’entrave le rattrapage en mettant à nouveau le système de soin sous tension.

Même s’il est encore trop tôt pour dresser un bilan exact des conséquences de la première vague en termes de cancer, les données disponibles suggèrent que les dégâts ont pu jusque-là être limités. Pour les malades « sauf quelques cas particuliers, l’organisation de la prise en charge a été correcte et a évité les pertes de chances pour les patients », juge Axel Khan. « Globalement, la consigne a été respectée et seules les interventions non urgentes et non vitales ont été décalées », appuie Thierry Breton, directeur général de l’Inca. Et si la suspension de tous les programmes de dépistage s’est traduite par un véritable déficit diagnostique (entre le 15 mars et le 15 mai seule une trentaine de milliers de cancers ont été diagnostiqués alors qu’on en attendait le double), « on sait très bien que sauf exception, un retard de 2 ou 3 mois n’est pas dramatique ». 

Pertes de chance

Encore faut-il que le système de soin puisse mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard et reprogrammer les actes mis entre parenthèses au printemps. Or « pour le moment il n’y a pas de retour à la normale », s’inquiète le Pr Axel Khan alors que le rebond de l’épidémie fait craindre au contraire de nouveaux ajournements. Ce d’autant qu’avec les nouvelles procédures de sécurité certains examens, notamment endoscopiques, sont devenus plus lourds et plus chronophages. « Si l’on en vient à avoir quatre, cinq voire six mois de retard, il y aura pour le coup des pertes de chances incontestables, notamment en termes de prévention et de dépistage », avertit le patron de la Ligue. 

L'amélioration de la prévention fait pourtant partie (avec la réduction des séquelles et la lutte contre les cancers de mauvais pronostic), des axes prioritaires de la prochaine stratégie décennale de lutte contre le cancer. Comme l'a indiqué Thierry Breton lors de la conférence de presse, cette nouvelle feuille de route, qui fait suite au plan cancer devrait être présentée en détail courant novembre. 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr