Covid-19 : la HAS compte sur les médecins traitants pour promouvoir la vaccination

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Publié le 23/11/2020
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Pas question de réitérer les mêmes erreurs que pour la grippe H1N1. Contrairement à ce qui s’était passé en 2009, si la vaccination anti-covid se concrétise, la HAS entend bien mettre la médecine de ville dans la boucle comme l’ont évoqué lors d’un point presse, le Pr Elisabeth Bouvet et le Pr Daniel Floret, présidente et vice-président de la Commission technique des vaccinations (CTV) de la HAS.   

Alors que plusieurs candidats vaccins sont dans les starting-blocks et pourraient être disponibles en France au premier semestre 2021, la CTV planche depuis plusieurs semaines sur l’élaboration d’une feuille de route précisant les modalités de mise en œuvre de la campagne de vaccination à la française. Actuellement soumises à consultation publique, ces recommandations ne devraient pas être finalisées avant décembre. Mais dans leur version intermédiaire, la HAS appelle, entre autres, à « favoriser le recours à la médecine de ville ».

« On voudrait vraiment que les médecins traitants soient les promoteurs de la vaccination auprès de la population en général et surtout auprès de la population qui va être ciblée car il s’agit de sujets âgés et/ou ayant des comorbidités qui sont en contact continuel avec leur médecin », souligne le Pr Bouvet.

« Les médecins doivent être convaincus du bien-fondé de cette campagne de vaccination et de la qualité des vaccins qu’on va leur demander d’administrer, appuie le Pr Floret car on sait bien que ce qui pousse une personne à se faire vacciner ou non c’est d’abord et avant tout l’opinion de leur médecin traitant ». 

Le conditionnement multidose, un frein potentiel à la vaccination en cabinet de ville

Au-delà de ce rôle "d'ambassadeur", « les médecins traitants, et plus généralement les médecins, joueront un rôle central dans l'orientation, l’information, la vaccination et le suivi des personnes », stipule la HAS 

Reste à savoir si les conditions de conservation et de conditionnement des vaccins permettront réellement d’envisager une vaccination à large échelle en médecine de ville. « Le conditionnement multidose constitue un frein potentiel à la réalisation de la vaccination au cabinet du médecin traitant », souligne le document préliminaire de la HAS qui ouvre aussi la porte à l'intervention d'autres professionnels de santé comme les pharmaciens et n'écarte pas complètement l'idée de centres de vaccination dédiés si besoin.  

Les soignants premiers visés en cas d’obligation ultérieure ?  

Les généralistes et plus généralement les professionnels de santé devraient aussi compter parmi les sujets à vacciner en priorité. À terme, les soignants pourraient également être les premiers visés par une obligation vaccinale le cas échéant. Compte tenu du peu de recul actuel vis-à-vis des vaccins et des limites en termes de doses disponibles, la HAS a préconisé de ne pas instaurer d’obligation vaccinale dans un premier temps. Mais « cela pourra évoluer par la suite » précise le Pr Floret. Et à l’avenir, « si on se posait la question de l’obligation, celle des professionnels de santé pourrait être une des premières à se poser », estime le Pr Bouvet.


Source : lequotidiendumedecin.fr