À l’approche de l’hiver, l'impact potentiel de la circulation concomitante du Covid-19 et de la grippe sur la morbi-mortalité des patients est une préoccupation majeure. Alors qu’il existe pour le moment peu de données sur le sujet, une étude anglaise suggère que les deux virus pourraient avoir une action synergique, avec un risque de décès augmenté en cas de co-infection.
Prépubliée sur la plateforme medRxiv et relayée dans le BMJ, cette étude cas-témoin a été menée par le « Public health england ». Les auteurs ont extrait des systèmes de surveillance nationaux les données de 19 256 personnes testées à la fois pour la grippe et pour le SRAS-CoV-2 entre le 20 janvier et le 25 avril 2020.
Interactions virales
Afin de savoir si l’infection grippale pouvait favoriser le Covid, ils ont comparé le taux de patients SRAS-CoV-2 + observé chez les sujets testés positifs pour la grippe par rapport à celui relevé parmi les sujets négatifs. Résultat : « le risque de test positif pour le SRAS-CoV-2 était réduit de 68 % parmi les cas positifs pour la grippe, rapportent les auteurs, ce qui suggère une possible compétition pathogène entre les deux virus ».
En revanche, en cas de co-infection avérée (58 cas), le risque de décès était presque 6 fois plus élevé comparé aux personnes n'ayant ni grippe ni Covid et plus que doublé (x 2,27) par rapport aux personnes atteintes par le SRAS-CoV-2 seul. D’où l’hypothèse d’un « effet synergique possible [entre les deux virus], chez les individus co-infectés ». La majorité (80 %) des sujets décédés avait plus de 70 ans.
Ainsi, même si les co-infections semblent limitées par une concurrence entre les deux virus, elles seraient plutôt de mauvais pronostic le cas échéant.
Dans ce contexte, « la cocirculation de ces virus pourrait avoir un impact significatif sur la morbidité, la mortalité et la capacité des services de santé », concluent les auteurs. Dès lors, « les tests de dépistage de la grippe parallèlement au SRAS-CoV-2 et l'utilisation du vaccin contre la grippe doivent être prioritaires pour atténuer ces risques ».
Plaidoyer pour la vaccination anti-grippale
Outre Manche, les autorités sanitaires ont d’ailleurs lancé un programme élargi de vaccination anti-grippale qui ciblera 30 millions de Britanniques cet hiver.
En France, la priorité reste à la vaccination des sujets à risque de complications et des soignants comme l’a laissé entendre Olivier Véran devant la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise sanitaire. « Nous devons faire excessivement attention à la vaccination des publics vulnérables et des soignants dans notre pays et nous mettrons l’accent sur le sujet lors de la campagne vaccinale », a-t-il déclaré, tout en confirmant que la campagne démarrerait comme prévu le 13 octobre et « pas avant ».
Même s’il reconnaît que la vaccination des soignants est « un vrai sujet », concernant l’obligation réclamée notamment par l’Académie de médecine, le Ministre de la Santé a plutôt esquivé le sujet. Dans la mesure où cela requiert de « passer par la loi, [même] si nous voulions le faire, je ne suis pas sûr que nous aurions le temps dans les délais impartis », a-t-il répondu aux sénateurs.
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