En 2022, avec 378 cas importés de dengue, 23 de chikungunya et six de Zika, la situation a été « exceptionnelle » en France métropolitaine, souligne une étude de Santé publique France (SPF), qui s'inquiète de la viabilité du dispositif de surveillance des arboviroses actuel du fait de la multiplication des épisodes et de leur extension géographique.
Si le bilan de 2022 tranche avec les années précédentes, le phénomène n'est pas étonnant, il était même attendu. La montée des arboviroses en métropole est « inéluctable », écrivait dans son avis d'avril le Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), préoccupé par l'impréparation de la France. Dans la foulée, partageant le même constat, l'ANRS-Maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE) faisait le point lors d'une conférence de presse sur les enjeux de recherche pour la prévention, via les vaccins et la lutte antivectorielle.
Le moustique Aedes albopictus, autrement appelé moustique tigre et implanté en France métropolitaine depuis 2004, n'a cessé de s'étendre sur le territoire en raison du réchauffement climatique. La propagation du moustique s'observe plus globalement en Europe : il y a 10 ans, l'Aedes albopictus n'était présent que dans huit pays européens et 114 régions, en 2023, ce sont 13 pays et 337 régions qui sont envahies.
En une année, autant de cas qu'en une décennie
Pour limiter le risque de transmission des arbovirus qu’il peut propager (dengue, chikungunya et Zika), une surveillance des cas, importés et autochtones, est mise en place depuis 2006 en France, est-il rappelé dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de SPF.
Les transmissions autochtones ont été plus intenses avec un nombre élevé d'épisodes : le nombre de cas recensés pour la seule année 2022 est supérieur au nombre total de cas identifiés sur la période 2010-2021 (66 cas versus 48).
De nouvelles zones géographiques ont été concernées avec la survenue de six des neuf épisodes dans des départements où aucun cas autochtone n’avait été identifié auparavant, dans le sud-ouest de la France et en Corse.
La transmission a été aussi plus précoce, avec deux cas ayant présenté des signes cliniques en juin au lieu de juillet pour les cas identifiés le plus précocement jusqu’à présent.
Un système de surveillance efficace, mais jusqu'à quand ?
La surveillance instaurée en métropole depuis 2006 s’avère « efficace », selon SPF, et les « mesures de contrôle mises en place lors de l'identification de cas ont permis jusqu’à présent de contribuer à limiter la taille des transmissions autochtones ».
Toutefois, « les épisodes de 2022 ont mis le dispositif en tension en Provence-Alpes-Côte d’Azur », alerte l'agence sanitaire, jugeant « indispensable de maintenir, voire de renforcer, l’implication des différents acteurs ».
Lors du point presse de l'ANRS-MIE, le Pr Xavier de Lamballerie, virologue et chercheur, directeur de l’unité des virus émergents à Marseille, avait rappelé que « le système de surveillance et de lutte antivectorielle autour des cas est dimensionné pour quelques foyers ». Et si les clusters se multiplient, il n'y aura pas d'autre choix à l'avenir que de « faire évoluer la méthodologie et optimiser la stratégie ».
Quant aux professionnels de santé, ils doivent notamment « être mieux informés du risque de transmission autochtone », souligne SPF. La population doit aussi « être mieux sensibilisée à l’importance des gestes de prévention des piqûres de moustiques et de lutte contre les gîtes larvaires » et consulter en cas de syndrome pseudo-grippal au retour de zones de transmission.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation