Tandis qu’un poliovirus a été détecté dans le réseau d’eau de la capitale anglaise, Santé publique France « reste en veille sur le sujet » dans l’Hexagone. Même si, comme le laisse entendre l’agence, le risque de voir la poliomyélite réémerger en France apparaît faible.
La poliomyélite liée au poliovirus sauvage est considérée comme éliminé de la région européenne : seuls quelques foyers endémiques persistent au Pakistan et en Afghanistan, rappelle Santé publique France sur son site internet.
Rares cas de polio dus à des virus dérivés du vaccin oral aux portes de l'Europe
Cependant, ces derniers mois, quelques cas de paralysie liés à des poliovirus dérivés de souches vaccinales (PVDV) – pathogènes initialement inclus dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) ayant évolué pour « se comporter davantage comme un virus sauvage » – ont été détectés aux portes de l’Europe occidentale. « Des cas de paralysie causés par la circulation de virus dérivés du poliovirus vaccinal (cVDPV) ont été signalés (…) (en) Israël en février 2022 », avec isolement de virus dérivés du poliovirus vaccinal de type 3 (VDPV3), rapporte Santé publique France. Des cas de polio ont aussi été détectés en Ukraine. « L’OMS faisait état, le 28 avril 2022, de deux cas de paralysie liés à de la circulation de virus dérivés du poliovirus vaccinal de type 2 (cVPDV2), et de 19 contacts trouvés positifs dans leur entourage ».
Et plus récemment, un autre signal a émergé, cette fois en Angleterre. Selon Santé publique France, « l’OMS a confirmé le mercredi 22 juin la détection de VDPV2, dans des échantillons d’eaux usées prélevés dans le cadre de la surveillance ». Plus précisément, plusieurs virus dérivés du poliovirus vaccinal de type 2 auraient été isolés.
Risque de propagation surtout dans les communautés non vaccinées en Angleterre
En fait, l’identification de virus de ce type dans des eaux usées anglaises n'est pas inédite, Santé publique France évoquant « plusieurs détections au cours des dernières années ». Cependant, cette fois, les virus concernés « apparaissent génétiquement liés et suggèrent un épisode de transmission au sein d’une communauté insuffisamment vaccinée, à partir d’une personne récemment vaccinée en provenance d’un pays utilisant le vaccin oral (...) (le Royaume-Uni n’utilisant plus le vaccin oral depuis 2004) », rapporte l’agence. Un phénomène a priori d’autant plus inquiétant que la station d’épuration concernée, située à Londres - où la couverture vaccinale antipolio des nourrissons serait estimée à moins de 87 % –, drainerait « un bassin de population de 4 millions de personnes ».
Dans ce contexte, les autorités sanitaires anglaises appellent à vérifier la bonne vaccination des Londoniens. « Notamment des jeunes enfants quelle que soit leur origine », précise Santé publique France. Cependant, l’instance rassure. « Les virus n'ont été détectés que dans des échantillons d'eaux usées, aucun cas de paralysie n'a été signalé à ce jour ». De plus, si un risque de circulation du virus au sein des communautés insuffisamment vaccinées existe, les autorités britanniques considéreraient comme faible le risque de transmission dans la population générale.
99 % de couverture vaccinale en France
Quant à un risque de réémergence de la poliomyélite dans l’Hexagone, Santé publique France ne s’alarme pas. « Le risque d’apparition de cas ou de clusters au sein de la population française demeure (…) très faible. » D’ailleurs, ces deux dernières décennies, aucun cas particulièrement inquiétant n'est survenu. « Depuis (…) 2000, seuls des poliovirus vaccinaux ainsi qu’un cVDPV de type 2, sans reprise de virulence, tous importés, ont été mises en évidence dans des échantillons cliniques (prélevés en France), sans aucun signe d’appel pouvant faire évoquer une poliomyélite chez les patients prélevés. »
En fait, la France apparaît particulièrement bien protégée par la vaccination. D’abord car contrairement au vaccin oral, le vaccin inactivé utilisé en France n’est pas associé à un risque d’apparition de souche pathogène d’origine vaccinale. Mais surtout parce que, du fait du caractère obligatoire de cette vaccination, le pays « bénéficie d’une couverture vaccinale très élevée vis-à-vis de la poliomyélite (vaccin polio inactivé) : 99 % pour la primo-vaccination et 96 % pour le rappel chez les nourrissons en 2019 », se félicite Santé publique France.
Cependant, l’agence maintient sa vigilance vis-à-vis d’une possible importation de poliovirus sauvage, mais aussi « par rapport au risque d’introduction de souches de poliovirus dérivées du vaccin oral ». Ainsi un programme de surveillance – reposant à la fois sur une déclaration obligatoire et, depuis 2000, sur une surveillance renforcée des entérovirus et des paréchovirus par le CNR – est-il toujours en place.
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