Sur la période 2016-2019, chez les 18-85 ans, la France hexagonale enregistre une forte baisse du tabagisme, a révélé Santé publique France (SPF) dans son dernier bulletin épidémiologique – dédié à la Journée mondiale sans tabac – portant sur les donnés de son baromètre 2021. Les auteurs relèvent ainsi que la prévalence du tabagisme quotidien, estimée à 30 % entre 2000 et 2015, a diminué de 4,7 points en 2021.
En parallèle, les normes sociales sont devenues moins favorables au tabagisme, révèle une autre enquête de SPF : 66,6 % des répondants estiment que la société désapprouve le fait de fumer et 52, 6 % pensent qu’à l’heure actuelle les fumeurs sont moins bien acceptés.
La tendance à la baisse est cependant ankylosée par les inégalités, les personnes favorisées sur le plan socio-économique étant surreprésentées parmi les personnes ayant arrêté, à l’instar des résultats du baromètre de 2010. D’autre part, en 2023, si deux tiers des fumeurs disaient vouloir arrêter, seuls 2 à 3 % d’entre eux y parvenaient chaque année, nous apprend l’enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (Eropp) conduite par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives en partenariat avec SPF.
Le tabagisme demeure ainsi un enjeu majeur de santé publique en France et l’agence de santé invite « chaque fumeur à faire une tentative d’arrêt » à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac. Alors que les peurs et les barrières autour de l’arrêt sont tenaces, SPF rappelle « qu’il peut y avoir plusieurs tentatives avant d’y parvenir définitivement » et que l’arrêt est un « processus ».
Des interactions entre consommations de tabac, d’alcool et la santé mentale
Le baromètre SPF 2021 – enquête téléphonique menée sur un échantillon aléatoire de la population résidant en France hexagonale âgée de 18 à 85 ans – a renseigné le statut tabagique de 24 446 répondants. Ainsi, en 2021, 23,9 % d’entre eux étaient des ex-fumeurs quotidiens (contre 20,6 % au baromètre 2010), et dans ce groupe 29,8 % avaient arrêté de fumer au cours des cinq dernières années, un ratio en hausse par rapport à 2010 (23,2 %). L’âge moyen d’arrêt était de 37,9 ans.
Les ex-fumeurs ayant arrêté entre 2016 et 2019 étaient en moyenne plus âgés, avaient un niveau de diplôme supérieur au baccalauréat et utilisaient quotidiennement plus de cigarettes électroniques. Les chômeurs ne représentaient que 16 % des ex-fumeurs et les personnes déclarant ne pas pouvoir arrêter de fumer sans faire de dettes 11,3 %.
Les fumeurs étaient plus susceptibles d’être chômeurs (45,8 %), d’avoir une situation financière perçue comme difficile, de dépasser les repères de consommation d’alcool à moindre risque et d’être inactifs. Chez les femmes fumeuses, les auteurs retrouvent plus fréquemment un épisode dépressif caractérisé dans l’année. Des associations qui encouragent à se pencher sur les interactions entre santé mentale et consommation de tabac et d’alcool, mais également les usages de tabac et de cigarette électronique, également intriqués.
Adapter les politiques publiques aux inégalités sociales
Cette étude souligne la persistance des inégalités sociales face à l’arrêt du tabac et la nécessité d’adapter les politiques publiques en conséquence. Cependant les auteurs saluent l’efficacité des mesures réglementaires et de prévention mises en place ces dernières années telles que le remboursement des traitements de substitution nicotinique, l’élargissement de la liste des professionnels de santé pouvant en prescrire, l’augmentation du prix du paquet ou encore l’intensification des campagnes de prévention, dont le Mois sans tabac qui a permis un retour sur investissement de sept euros pour un un euro investi. Par ailleurs, pour la Journée mondiale sans tabac 2025, SPF annonce activer un dispositif viral sur les réseaux sociaux à partir du 28 mai 2025 afin de « créer un élan collectif sans tabac et accroître la notoriété de Tabac info service ». Le message : « un jour pour essayer d’arrêter ».
Analogue de la nicotine : le CNCT saisit de nouveau la justice
Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a annoncé lundi 26 mai 2025 attaquer en justice la société Aroma King au sujet de l’utilisation de 6-méthyl-nicotine ou métatine, un analogue de la nicotine, dans leurs produits de vapotage. Le comité, qui a déjà fait condamner British American Tobacco et Philip Morris, accuse le fabricant de faire lui aussi de la « publicité illégale » en présentant les produits comme « innovants, sans tabac ou sans nicotine » et comme « alternative plus saine et plus sûre pour les vapoteurs », avec l’appellation « NoNic » (pour Ne contient pas de nicotine). Selon le CNCT, cette nouvelle substance serait potentiellement plus addictive que la nicotine classique et a été identifiée dans certains produits de vapotage vendus en France et ailleurs en Europe depuis début 2024. Peu étudiée car d'apparition récente, la 6-méthyl-nicotine pourrait endommager davantage les cellules pulmonaires et son potentiel addictif serait jusqu'à trois fois supérieur à celui de la nicotine, selon des études précliniques. Pour le comité, la 6-méthyl-nicotine permet à l'industrie du tabac de « contourner les réglementations limitant les concentrations maximales de nicotine et la capacité des réservoirs des dispositifs de vapotage ».
L’ovéporexton, une nouvelle molécule efficace dans la narcolepsie de type 1
Handicap sévère et adolescence : une délicate transition à anticiper
IHU Méditerranée Infection : des progrès notables mais insuffisants, selon le Hcéres
Chikungunya : l’épidémie en baisse à La Réunion, nouvelle phase du plan Orsec à Mayotte