La récente augmentation des infections invasives à streptocoques du groupe A (IISGA) peut-elle s’expliquer en partie par un effet rebond post mesures barrières ? C’est en tout cas l’une des hypothèses formulées par Santé publique France (SPF) dans son dernier point de situation publié le 10 janvier.
Basé sur des données arrêtées au 1er janvier, ce document détaille l’évolution épidémiologique de ces infections au cours des dernières semaines et tente d’en expliquer la cause.
91 cas pédiatriques recensés depuis septembre
Chez l’enfant, les remontées des services de soins critiques pédiatriques « confirment l’augmentation depuis début novembre 2022 et jusqu’en semaine 49 (soit du 5 au 11 décembre) du nombre d’enfants hospitalisés pour une IISGA ». Une tendance à la stabilisation est observée à partir de la semaine 50 « mais les données des semaines 51 et 52 ne sont pas encore consolidées », précise SPF.
Au total, 91 jeunes patients ont été admis pour cette raison dans un service de soins critiques entre le 1er septembre et le 1er janvier 2022. La plupart étaient âgés de 1 à 4 ans, avec une majorité de garçons (sexe ratio H/F=1,7). Le tableau clinique était soit respiratoire (pneumonie ou pleuro-pneumopathies) dans plus des deux tiers des cas (68 %), soit à type de syndrome de choc toxique (SCTS) dans 30 % des cas, les deux présentations étant parfois associées. Pour 56 % des enfants, une infection virale (VRS ou grippe essentiellement) dans les 15 jours précédant l’infection a été mentionnée.
Parmi les 91 cas recensés à l'hôpital, 9 sont décédés. Cinq autres décès par IISGA avant leur admission à l’hôpital ont aussi été signalés.
En ambulatoire, les données de SOS Médecins et du réseau Oscour retrouvent une diminution du nombre de consultations et de passages aux urgences pour infections non invasives à streptocoque du groupe A (SGA) (angines et scarlatines) au cours de la deuxième quinzaine de décembre. Mais « cette tendance observée pendant les vacances scolaires est possiblement due à une diminution de la circulation des SGA et donc à une moindre transmission, mais également à un moindre recours aux soins pendant cette période », nuance SPF. Une ré-augmentation est d’ailleurs observée depuis début janvier.
Chez l’adulte, les données du Centre national de référence (CNR) « suggèrent une augmentation progressive des IISGA » qui doit encore être confirmée par des analyses complémentaire des données Epibac et du PMSI.
Plusieurs hypothèses étiologiques
Sur le plan bactériologique, la situation épidémiologique actuelle des IISGA n’apparaît pas liée à l’émergence de nouvelle souche bactérienne. On observe par contre une augmentation de la fréquence du génotype emm1 déjà connu (60 % des cas d’infections invasives pédiatriques expertisées pour la période novembre-décembre 2022 contre 21 % entre janvier et octobre 2022).
Cette évolution bactériologique pourrait être impliquée dans la multiplication des infections invasives sévères à SGA, observée depuis plusieurs semaines. Mais cette augmentation des IISGA « pourrait aussi résulter, au moins en partie, d’un rebond post mesures barrières, notamment chez des enfants dont le système immunitaire n’a pas été au contact avec les souches de SGA qui circulent habituellement », estime SPF. Ces infections invasives sévères à SGA correspondent par ailleurs fréquemment à des surinfections d’infections respiratoires virales comme la grippe, la bronchiolite et le covid-19 dont les virus circulent activement actuellement.
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