Malgré l’assouplissement du protocole sanitaire en début de semaine, Santé publique France appelle à la prudence. « Le maintien des gestes barrière reste recommandé, notamment pour protéger les plus fragiles (port du masque dans les espaces mal ventilés ou de promiscuité importante, lavage des mains, aération des lieux clos) », souligne l’instance dans son dernier point épidémiologique. « Nous faisons confiance à la responsabilité de chacun : ce n’est pas parce qu’ils ne sont plus obligatoires que ces gestes sont devenus interdits, au contraire », ajoutait ce matin lors du point presse hebdomadaire de l’agence sa présidente, Geneviève Chêne.
Rebond de l'épidémie de Covid-19
À l’origine de cet appel à la vigilance : un rebond de la circulation « à un niveau élevé » de la circulation du SARS-CoV-2. En effet, alors que le 10 mars, Santé publique France signalait déjà les premiers indices d’un changement de la dynamique épidémique – la décrue ayant fortement ralenti –, aujourd’hui, l’agence confirme la reprise.
En semaine 10, soit du 7 au 13 mars, tous les indicateurs de circulation du virus ont augmenté. À commencer par le taux d’incidence, qui, après 6 semaines consécutives de baisse, est reparti à la hausse dans toutes les classes d’âge et dans toutes les régions (sauf Mayotte), enregistrant à l’échelle nationale un bond de 25 %. Avec en moyenne 65 000 nouveaux cas de Covid-19 par jour. Le taux de dépistage et le taux de positivité des tests ont également progressé – respectivement de 11 % et de 2,7 points. D'où au total, un R effectif supérieur à 1.
En parallèle, la tendance à la baisse des nouvelles hospitalisations commence à marquer le pas. « Le nombre (…) d’admissions à l’hôpital s’est stabilisé (- 5 %) », prévient Santé publique France. Pour le moment, les admissions en soins critiques et le nombre de décès continueraient, eux, à chuter.
Intensification de la circulation de la grippe dans toute la métropole
Mais Santé publique France alerte également sur une poussée de la grippe, qui était restée discrète depuis l’automne.
De fait, comme l’a rapporté Sibylle Bernard-Stoecklin, épidémiologiste à Santé publique France, « une intensification de la circulation des virus grippaux est notée depuis une quinzaine de jours ». Si bien que le taux de positivité des prélèvements respiratoires testés par le réseau Sentinelles dépasserait 50 %, et surtout que l’ensemble des régions métropolitaines auraient atteint la phase épidémique – à l’exception de la Corse, qui serait en pré-épidémie.
Dans ce contexte, les hôpitaux voient arriver de plus en plus de patients grippés. Selon les données du réseau Oscour, « l’ensemble des classes d’âge seraient concernées, avec des niveaux plus élevés chez les moins de 15 ans, (bien que) les hospitalisations pour grippe (soient) en nette augmentation également chez les adultes », résume Sibylle Bernard-Stoecklin. Une nette augmentation des décès dus à la grippe serait également d’ores et déjà relevée, en particulier chez les plus de 65 ans. Parmi les moins de 150 décès attribuables à la grippe déclarés depuis début octobre, une trentaine auraient été enregistrés en semaine 10.
Un printemps incertain
En fait, ce que souligne Santé publique France, c’est le caractère inédit de la situation. Le tableau « est très différent de l’année dernière », où les virus grippaux n’avaient pas circulé, rappelle Sibylle Bernard-Stoecklin, tout en soulignant qu’il est globalement « rare que l’intensification de leur circulation se fasse aussi tard dans la saison ». D’où une difficulté à prévoir l’évolution de la situation. D’autant que « la grippe a une part d’incertitude et d’imprévisibilité, même en temps normal », insiste l’épidémiologiste. Dans ce contexte d'épidémie tardive, l’efficacité du vaccin anti-grippal, dont on sait qu’elle peut parfois, dans certaines conditions, « diminuer rapidement au cours de la saison », reste aussi reconfirmer.
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