Les cadres supérieurs sont plus à risque de développer une fibrillation atriale en cas de stress au travail. Une nouvelle étude prospective canadienne a suivi près de 6 000 adultes de 45 ans sur une période de dix-huit ans et montré une augmentation du risque, allant de 44 % à 97 % selon le type de stress professionnel.
En population générale, la fibrillation atriale affecte une personne sur quatre de plus de 40 ans. De précédents travaux ont démontré le lien entre maladies coronariennes et haute charge de travail et/ou déséquilibre entre effort et récompense en milieu professionnel. D’autres ont mis en évidence que les facteurs de stress psychosociaux au travail prédisposent à l’hypertension artérielle, au diabète et à la rigidité artérielle, des conditions associées à la fibrillation atriale.
L’étude, publiée dans le Journal of the American Heart Association, est « la première à examiner les effets indésirables de deux facteurs de stress psychosociaux au travail sur la fibrillation atriale », a déclaré Xavier Trudel, auteur senior, épidémiologiste et professeur au département de médecine sociale et préventive à l’université de Laval (Canada), dans un communiqué.
Le risque diffère selon le type de stress
Les chercheurs ont comparé quatre groupes de situations de travail : la combinaison d’une haute charge de travail avec des échéances courtes sans contrôle ni part décisionnelle dans la manière d’effectuer les tâches ; le déséquilibre entre l’effort et la récompense, marqué par un fort investissement de l’employé sans salaire, reconnaissance ou sécurité d’emploi suffisants ; les emplois « passifs » avec une faible sollicitation psychologique* et une latitude de décision réduite** ; les emplois « actifs » avec une forte exigence psychologique et une latitude de décision élevée.
Pour une charge de travail élevée, le risque de fibrillation atriale augmente de 83 %, et dans le cas d’un déséquilibre de la balance effort-récompense, de 44 %. Dans des situations professionnelles combinant les deux sources de stress, l’augmentation du risque grimpe de 97 %. À l’inverse, les emplois actifs et passifs n’ont pas révélé de différence significative par rapport au risque de fibrillation atriale retrouvé en population générale (HR respectifs de 1,17 et 1,12).
Des facteurs de risque modifiables
Les facteurs de stress psychosociaux au travail sont modifiables. « Le stress lié au travail est un facteur qu’il serait pertinent d’inclure dans les stratégies préventives », explique Xavier Trudel. Et d’ajouter : « Notre équipe de recherche avait précédemment mené une intervention pour réduire les stresseurs psychosociaux au travail, qui a démontré sa capacité à réduire efficacement les niveaux de pression artérielle ». Le professeur cite notamment l’adaptation de l’implémentation d’un gros projet, la mise en place d’heures de travail flexibles et la tenue de réunions entre les managers et les employés pour discuter des défis quotidiens. « Reconnaître et remédier au stress lié au travail est nécessaire pour favoriser des environnements de travail sains, qui bénéficient autant aux individus qu’aux entreprises » , souligne-t-il.
* L’exigence psychologique est définie comme une charge de travail excessive nécessitant une concentration intense et soumise à des interruptions ou des demandes contradictoires
** La latitude de décision correspond à l’utilisation de ses compétences et à l’autonomie dans sa prise de décision
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