À Mayotte, la crise du choléra semble « contenue », a indiqué le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) Mayotte, Olivier Brahic, lors d’un point presse ce 21 mai sur le salon SantExpo. Dans le 101e département français, la situation n’est plus celle qui a prévalu lors de l’émergence des premiers cas autochtones à la mi-mars qui avaient exercé une « pression sur le système hospitalier », a-t-il rassuré.
En date du 20 mai, Mayotte cumulait 92 cas, dont 61 dans le bidonville de la commune de Koungou et 11 dans un cluster dans la commune de Mtzangamouji qui connaît des conditions « plus favorables ». Si la menace d’une flambée épidémique semble écartée, l’île pourrait ne pas être épargnée par des poussées locales « dans les bidonvilles ». L’enjeu pour les autorités sanitaires est donc de maintenir une vigilance « dans les prochains mois », alors que le territoire connaît des tensions récurrentes sur les effectifs de soignants.
À Mayotte, l’offre de soins reste « très hospitalo-centrée », rappelle Olivier Brahic. Seulement 33 médecins généralistes sont en exercice en ville. « Ce sont des éléments à prendre en compte » pour la gestion de crise, ajoute-t-il. Plus de 80 soignants de la réserve sanitaire sont déjà arrivés sur l’île. Mais Santé publique France appelle tout de même les volontaires à venir en renfort des professionnels de santé.
Les dispositifs de la crise de l’eau utile à la gestion épidémique
Pour l’heure, la riposte bénéficie des dispositifs mis en place pour la crise de l’eau : constitution de stocks de vaccins contre le choléra, surchloration de l’eau courante par les opérateurs, mise en place de rampes d’eau dans les bidonvilles. Tous ces dispositifs « servent dans la crise de choléra », souligne Olivier Brahic.
La première intervention des autorités porte sur le repérage des cas pour lequel une veille sanitaire renforcée est en place. Il est recommandé à la population de ne pas se rendre à l’hôpital en cas de symptômes et de contacter le Samu centre 15. « Un Smur sécurisé va chercher les cas », précise Olivier Brahic.
Un Trod est rapidement réalisé pour confirmer le diagnostic. S’il est positif, « on va sur le terrain », poursuit-il. Cinq camions équipés sont dédiés à ces opérations. Une antibiothérapie est proposée en prophylaxie aux contacts du cas. La vaccination est également administrée aux membres du foyer. Ce dernier est désinfecté.
Cette intervention « se joue dans les heures qui suivent » la détection d’un cas, explique Olivier Brahic, ce qui représente un « vrai défi opérationnel ». On est « à flux tendu » et « le CHM (CH de Mayotte, NDLR) ne peut pas gérer seul cette crise », ajoute Ismaël El Habib, vice-président de l’URPS infirmier. « Dès qu’il y a un cas, il faut que tout le monde soit réactif, poursuit-il. Ensemble, nous y arriverons. » Des associations de santé communautaire sont également mobilisées pour des opérations de prévention et de recherche active des cas.
Près de 5 000 personnes vaccinées
Parmi la population, près de 5 000 personnes ont été vaccinées. La stratégie vaccinale, validée par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), cible également les acteurs en première ligne : soignants hospitaliers, forces de l’ordre, pompiers et soignants libéraux. Ce n’est « pas une action miracle », rappelle le DG de l’ARS. La vaccination est « efficace à 90 % », mais seulement pendant 6 mois. « Plusieurs milliers de doses » vont arriver à Mayotte, poursuit-il.
À l’hôpital, des lits précédemment fermés faute de personnel sont mobilisables pour gérer la crise. Au total, 54 lits peuvent être réouverts, dont 14 au sein du CHM. Un circuit de prise en charge spécifique a été mis en place. Dans un contexte où la tension sur les ressources humaines affecte « de longue date » la vie de l’hôpital, des renforts de la réserve sanitaire ont été mobilisés pour faire tourner cette unité. Actuellement, « entre cinq et 10 patients occupent cette unité », détaille Jean-Mathieu Defour, directeur général du CHM à Mamoudzou.
En parallèle, des tentes modulaires ont été achetées pour permettre l’ouverture d’un centre de traitement de 100 places en cas de besoin. Par ailleurs, « on évite de fermer les services de consultation », indique Jean-Mathieu Defour. C’est une leçon du Covid, poursuit-il : en cas de fermeture, la population « repart aux urgences ».
L’enjeu se situe sur le long terme, alors que le choléra sévit depuis plus de deux ans dans l’ensemble de l’Afrique australe et que dans les Comores voisines, et sur l’île d’Anjouan en particulier, la situation sanitaire se révèle « non maîtrisée », avertit Olivier Brahic. Le défi est ainsi de maintenir des effectifs soignants à Mayotte et de garantir un accès à l’eau potable de la population. Sur l’île, 25 à 30 % des habitants ne sont pas raccordés à l’eau courante et une partie ne l’est pas au système d’assainissement.
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