Remontée des cas, hospitalisations en hausse : l'épidémie de dengue poursuit sa progression aux Antilles, où les autorités sanitaires surveillent les profils à risque de formes graves, notamment les patients atteints de drépanocytose.
Entre le 28 août et le 3 septembre, Santé publique France (SPF) a enregistré, par rapport à la semaine précédente, 770 cas supplémentaires cliniquement évocateurs de dengue en Martinique et 600 en Guadeloupe, avec six décès au total. Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont également touchées, mais dans des proportions bien moindres, avec des premiers cas confirmés sur ces deux îles du nord de l'arc antillais.
Selon SPF, seul le sérotype DENV-2, l’un des quatre types de virus de la dengue, a été identifié dans l’ensemble des cas investigués en Martinique et en Guadeloupe.
Inquiétude pour les drépanocytaires
La Guadeloupe et la Martinique sont depuis la mi-août en phase épidémique pour cette maladie tropicale, qui se transmet essentiellement par les piqûres de moustique et peut se manifester par de fortes fièvres (40 °C), des céphalées intenses, des courbatures, des nausées et vomissements, des douleurs rétro-orbitaires et des éruptions cutanées. La forme hémorragique de la maladie représente « environ 1 % des cas de dengue dans le monde et est extrêmement sévère », précise SPF Antilles.
« Ce qui est particulier au cours de cette épidémie, c'est qu'il y a très fréquemment des signes digestifs qui sont associés : nausées, perte d'appétit, douleurs au ventre et diarrhées », a indiqué sur Radio Caraïbes International le Pr André Cabié, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de la Martinique.
Les professionnels de santé surveillent particulièrement les patients atteints de drépanocytose. « On sait que ces personnes-là sont très à risque de faire des formes graves », a précisé le Pr Cabié. « Il est vraiment important, dès le début des symptômes, de consulter très rapidement un médecin pour démarrer la prise en charge le plus tôt possible », a-t-il ajouté.
En Guadeloupe, huit personnes ont été hospitalisées entre le 31 août et le 3 septembre, et neuf en Martinique, où les urgentistes et le Samu ont demandé à la population de se tourner vers la médecine de ville pour désengorger les urgences, selon le Dr Yannick Brouste, responsable des urgences du CHU de Martinique. « Habituellement on est sur du 120 passages par jour, là on est plutôt sur du 150 avec des pics à 180, ce qui est plutôt exceptionnel », a-t-il déclaré.
Se protéger contre les moustiques
« Aucun traitement n'existe pour la dengue », a rappelé la Dr Mathilde Melin, responsable adjointe de la cellule Antilles de SPF. « Seule la protection contre les moustiques est efficace ».
Les autorités sanitaires renforcent la communication autour des bons gestes à adopter : éliminer, après chaque pluie, les points d'eau stagnante dans lesquels les larves de moustiques se développent, porter des vêtements longs, utiliser des répulsifs... Mais ces derniers sont d'une efficacité toute relative, étant donné la résistance développée par le moustique.
Selon Anubis Vega-Rua, responsable du laboratoire d'études sur le contrôle des vecteurs de l'Institut Pasteur en Guadeloupe, l'usage de différentes molécules depuis les années 1950 a éliminé tous les insectes sensibles à ces produits, ne laissant vivre que ceux qui y résistaient. « La lutte chimique connaît là une limite », note Anubis Vega-Rua, qui avec d'autres scientifiques réfléchit à « des méthodes alternatives » moins nocives pour la biodiversité et l'environnement, comme la stérilisation des moustiques ou encore l'inoculation de bactéries.
« Il faut aussi que la lutte vectorielle soit totale sur le territoire », note la scientifique, évoquant les problèmes d'eau qui poussent les habitants à stocker des barils où les moustiques peuvent se reproduire. Et d'appeler à prendre en compte le sujet dans les projets d'urbanisme.
Si, pour l'heure, une seule espèce de moustique vecteur de la dengue, l'Aedes aegypti, sévit aux Antilles françaises, « ce n'est qu'une question de temps » avant que le moustique dit « tigre », l'Aedes albopictus, déjà présent en Europe, n'arrive sur les rivages de Guadeloupe et Martinique, conclut-elle.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation