Le temps de sommeil moyen des Français est passé sous la barre symbolique des 7 heures. C'est ce que révèle le Baromètre de Santé publique France 2017 paru dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 12 mars 2019.
Un échantillon de plus de 12 000 personnes, représentatif de la population française, a répondu à des questionnaires lors d'entretiens téléphoniques. « Les sujets ont été interrogés sur leur sommeil sur 24 heures, et pas seulement sur le sommeil de nuit, avec des questions très précises sur leur temps de sommeil », indique au « Quotidien » le Pr Damien Léger, responsable du Centre du sommeil et de la Vigilance de l'hôpital Hôtel-Dieu, APHP-Paris Descartes et premier auteur de l'étude. Le questionnaire a notamment distingué le sommeil en semaine du sommeil des jours de repos.
18,8 % des sujets en dette de sommeil sévère
Le temps de sommeil total moyen par 24 heures est de 6 h 55 (6 h 42 en semaine et 7 h 26 au repos). Ces résultats confirment la tendance générale d'un temps de sommeil moyen de 7 heures. Toutefois, « nous avons été très surpris de constater que le temps moyen est inférieur à 7 heures, durée qui représentait une borne rassurante, souligne le Pr Léger. Les jours de semaine, le temps de sommeil est même nettement inférieur ».
Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette tendance à la baisse. Le Pr Léger évoque trois déterminants principaux : le travail en horaires décalés, la hausse du temps passé dans les transports et sur son smartphone. En dehors des effets néfastes des écrans sur l'endormissement, « certaines personnes répondent au téléphone en pleine nuit, ce qui perturbe leur sommeil », ajoute-t-il.
La dette de sommeil a également été évaluée. Elle correspond à une différence supérieure à 1 heure entre temps de sommeil en semaine et temps de sommeil idéal (temps estimé par les individus pour être en forme). L'enquête montre que 27,7 % des répondants sont en dette de sommeil, et 18,8 % en dette de sommeil sévère (différence de plus de 1 h 30).
La sieste de plus en plus plébiscitée
Autre paramètre étudié : la restriction de sommeil. Il s'agit d'un écart de 61 minutes ou plus entre le temps de sommeil de la semaine et le temps de semaine des jours de repos. La restriction de sommeil concerne 17,4 % des individus, et 14,4 % sont en restriction sévère de plus de 2 heures. La restriction de sommeil témoigne d'un besoin de « récupérer » le week-end. « La récupération est recommandée, mais n'est pas suffisante », estime le Pr Léger. Une étude parue dans « Current Biology » (1) a récemment montré que la récupération ne permet pas de compenser les troubles métaboliques liés au manque de sommeil.
La sieste est un moyen de plus en plus prisé de rattraper le sommeil perdu. En effet, 27,4 % des répondeurs en sont adeptes au moins une fois par semaine, et 32,2 % la pratiquent le week-end, avec des durées moyennes respectives de 50 et 59 minutes. Le Pr Léger précise qu'il est recommandé d'effectuer des siestes de plus courte durée (15 à 20 minutes). « Dans le cadre professionnel, la sieste commence à faire son chemin. De plus en plus d'expérimentations se mettent en place, en particulier dans le milieu de l'artisanat », salue le Pr Léger.
« La chute du temps de sommeil n'est pas une fatalité. Certes, la responsabilité des municipalités est déterminante sur les aspects tels que le bruit et la pollution lumineuse, mais il en est également de la responsabilité individuelle d'adapter les comportements », conclut le Pr Léger.
C. Depner et al. Current Biology. DOI:https://doi.org/10.1016/j.cub.2019.01.069, 2019
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