L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement lancé ce 26 mai une nouvelle méthode de financement destinée à lever les milliards de dollars de fonds « durables, prévisibles et souples », dont elle a besoin pour financer ses priorités sur la période 2025-2028.
« Même avant la pandémie de Covid-19, le monde était en retard par rapport aux objectifs de développement durable liés à la santé. Maintenant, c'est encore pire », a lancé le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, à Genève, appelant à « un changement radical de cap ».
Le secrétariat de l'OMS doit présenter cette semaine son programme de travail pour la période 2025-2028 à ses 194 membres réunis en Assemblée mondiale de la santé à Genève. Pour le financer, l'organisation estime avoir besoin de 11,1 milliards de dollars (10,22 milliards d’euros). Elle pense être assurée d'en toucher plus d'un tiers, soit 4 milliards, notamment grâce à la hausse prévue des contributions des États membres.
L’OMS va donc tenter de trouver les 7 milliards de dollars manquants en faisant appel à une large palette de donateurs, notamment des fondations. À l’instar d'autres agences onusiennes, le financement de l'OMS est pour une bonne proportion composé d'argent destiné à un projet précis assorti de nombreuses conditions sur une période donnée, souvent trop courte.
L'idée principale derrière le « cycle d'investissement » – le nom de ce nouveau mécanisme – est de récolter l'argent en début de programme de travail. « Cela nous permettra d'élaborer des plans à plus long terme et d'embaucher les personnes dont nous avons besoin pour mettre en œuvre ces plans sur la base de contrats plus sûrs », a expliqué Tedros Adhanom Ghebreyesus, un grand nombre du personnel de l'organisation travaillant sur des contrats à durée déterminée.
La France va parrainer le nouveau mécanisme
Le patron de l'OMS a choisi l'exemple du tabac, l’une de ses bêtes noires, pour démontrer que cet objectif de 7 milliards était atteignable. « L’année dernière, le monde a dépensé 717 milliards de dollars (660 milliards d’euros) en cigarettes – un produit qui provoque des souffrances, des maladies, des décès et des coûts énormes pour les systèmes de santé », a-t-il dénoncé. Sur les quatre années du programme de travail, « nous demandons 24 cents pour 100 dollars dépensés en cigarettes », a-t-il expliqué, reconnaissant que les temps sont durs pour lever des fonds.
Ce cycle d'investissement s'inscrit dans une vaste réforme du financement de l'organisation, qui s'est retrouvée sous le feu des projecteurs et des critiques durant la lutte contre la pandémie de Covid-19, mais qui est active sur tous les fronts et dans le monde entier.
L'OMS a commencé par élargir sa base de donateurs, elle a aussi créé la Fondation OMS pour élargir et accéder à de nouvelles sources de financement. Et « il y a deux ans, les États membres ont pris l’engagement historique d’augmenter progressivement les contributions statutaires jusqu’à 50 % de notre budget de base d’ici 2030 – et la première augmentation a déjà eu lieu », a rappelé le patron de l’OMS.
En novembre doit se tenir un « Sommet du cycle d'investissement » pour récolter les fonds. En attendant, l'OMS et les pays qui ont déjà accepté de coparrainer ce cycle de financement vont procéder à un lobbying intense pour atteindre l'objectif. Le ministre délégué de la Santé français, Frédéric Valletoux, présent à Genève, a annoncé que la France allait parrainer ce nouveau mécanisme.
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