La Dr Stéphanie Rist, députée Ensemble pour la République (EPR), a rendu ce 9 avril son rapport sur la ménopause au gouvernement, en réponse à une mission confiée en octobre 2024. Soit 25 propositions qui s’articulent autour de trois axes : « Information, prévention, préparation à la ménopause », « Accompagnement et prise en charge sanitaire » et « Prendre en compte la ménopause au travail ».
« La ménopause est un sujet longtemps entouré de honte et laissé dans le silence. Briser le tabou permettra de répondre à des besoins et œuvrera pour l’égalité entre les femmes et les hommes », a déclaré Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité lors de la remise du rapport au ministère de la Santé. « Il prend place dans la feuille de route 2023-2027 du gouvernement qui souhaite prioriser la santé des femmes et garantir une prise en charge adaptée de la ménopause ». « Ces propositions sont pragmatiques, chiffrées, applicables dans un horizon de deux ans », a estimé la députée. Parmi les actions proposées par les parlementaires, la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, a annoncé dans un communiqué en prioriser quatre pour « améliorer la prévention », dont la mise en place d’une consultation dédiée à la ménopause pour chaque femme.
Élargir les compétences du planning familial
Fort de nombreux témoignages de femmes, le rapport met en avant le manque d’information, de communication et d’éducation sur le sujet qui concerne pourtant plus de 17 millions de Françaises. « Nous avons appris à travers ces paroles de femmes qu’une personne sur deux considère la ménopause comme anxiogène et difficile à évoquer, qu’une femme sur deux n’ose même pas en parler à son partenaire, et que presque toutes se sentent seules », précise la Dr Rist. « La ménopause n’est pourtant pas une maladie, mais une étape de vie », insiste Aurore Bergé.
Le premier axe de recommandations s’intéresse à dispenser une éducation dès le collège, à transformer la communication vis-à-vis du public et à soutenir la recherche pour mieux comprendre la ménopause. Pour ce faire, la députée compte sur les réseaux sociaux et des influenceurs ambassadeurs, ainsi que sur une information renforcée et fiable sur les sites internet publics. Elle entend aussi s’appuyer sur le planning familial en élargissant ses compétences à l’âge de la ménopause. À ce sujet, Catherine Vautrin a annoncé le souhait du gouvernement de mieux informer les plus jeunes, notamment « via des programmes éducatifs en lien avec le ministère de l’Éducation nationale », et promet également une actualisation des sites et une campagne grand public.
Inégalités dans la prescription des THM
Le rapport fait également état d’une prise en charge souffrant « d’inégalités sociales et territoriales » avec, par exemple, des traitements hormonaux de la ménopause (THM) davantage prescrits dans les départements les plus riches. Afin d’y remédier, la mission propose au gouvernement de renforcer la formation des médecins, d’enrichir la consultation des 45 ans de « Mon bilan prévention » d’items spécifiques et de proposer des consultations dédiées. Le rapport indique par ailleurs qu’en 2024, seulement 2,5 % de femmes ménopausées se sont fait délivrer un THM. « Il faudrait dépasser le débat pro ou anti hormones en établissant des recommandations claires, s'appuyant sur l'ensemble des thérapeutiques reconnues comme efficaces », plaide le rapport. Lionel Collet, président de la Haute Autorité de Santé, présent à la restitution du rapport, a ainsi précisé qu’une actualisation des recommandations sera effectuée « d’ici mi-2026 ».
De manière plus générale, alors que les femmes font face à des professionnels qui souvent, « faute de formation, ne proposent pas de prise en charge », le rapport insiste sur l’importance d’un parcours individualisé et pluridisciplinaire grâce à une « coordination accrue entre professionnels médicaux et non médicaux », « aux initiatives locales de centres spécialisés ou de consultations pluridisciplinaires », ainsi qu’à « un financement pérenne et la création d’une consultation longue en début de ménopause de la part des agences régionales de santé ». Ce parcours reposerait sur le médecin traitant et pourrait inclure les sages-femmes « sous conditions de formation et de parcours coordonné ».
La ministre a également annoncé qu’il s’engageait « à faire de la ménopause une thématique prioritaire dans les appels à projets de recherche pilotés par le ministère de la Santé ».
Prendre en compte la ménopause au travail
Enfin, du fait des répercussions sur leur vie personnelle et professionnelle, et convaincus du fardeau économique que représente le défaut de prise en charge de la ménopause, les parlementaires ont prêté une attention particulière aux recommandations destinées aux employeurs, aujourd’hui « très peu mobilisés ». « Ainsi s'accommode-t-on que des femmes refusent une promotion, quittent leur emploi ou partent en retraite anticipée, avec des coûts importants pour les entreprises », détaille Stéphanie Rist. Une femme sur deux considérerait que la ménopause peut avoir des conséquences sur son travail.
Le rapport propose d'intégrer l'enjeu de la ménopause dans la visite médicale de mi-carrière à 45 ans, une action approuvée par la ministre, de créer un guide « Ménopause sur le lieu de travail » pour les managers et les salariés et d'encourager « l'élaboration d'un diagnostic suivi d'un plan d'adaptation des conditions de travail à l'échelle de chaque établissement ». « La ménopause doit être pleinement intégrée à la politique RH et managériale des grandes entreprises et des services publics », estime le rapport. À ce sujet, le gouvernement propose de commander une étude économique à France Stratégie pour « mesurer les impacts de la ménopause sur l’activité professionnelle des femmes ».
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