« Le don du vivant ne doit plus être une solution envisagée en dernier recours pour les patients en attente d’une greffe de rein. » Telle est la position défendue par l’Agence de la biomédecine, qui lance une campagne d’information sur le don de rein entre proches. L’objectif : que 20 % des greffes de rein reposent sur des dons du vivant – contre 15 % à l’heure actuelle.
Le but est d'abord de raccourcir les délais d’attente. Car, selon le Pr Michel Tsimaratos, directeur général adjoint en charge de la politique médicale et scientifique de l’agence, près de 14 nouvelles inscriptions sur la liste nationale d’attente seraient quotidiennement comptabilisées, pour seulement 9 transplantations par jour.
Une alternative à envisager avant la dialyse
Mais pour le Pr Luc Frimat, président de la Société francophone de néphrologie, dialyse et transplantation, la transplantation de rein de donneur vivant n’est pas qu’une alternative au manque de greffons. « Une greffe issue d’un donneur vivant est une modalité thérapeutique à privilégier et envisager avant même de commencer une dialyse », appuie le Pr Tsimaratos.
Le recours à un donneur vivant diminue le risque de rejet – en particulier en cas de don intrafamilial – et augmente l’espérance de vie du greffon. « À 10 ans, plus de 76 % des greffons issus de donneurs vivants fonctionnent encore, contre 55 % de ceux issus de donneurs décédés », en lien avec une meilleure préservation de l’organe, explique le Pr Frimat.
Et désormais, des progrès scientifiques et réglementaires permettent de dépasser une potentielle incompatibilité donneur-receveur, à l’instar de la greffe ABO-incompatible ou du don croisé. Au total, « on ne peut plus être tiède » à l’égard du don vivant, estime le Pr Frimat, regrettant les réserves de certains. Selon le néphrologue, des médecins traitants émettraient notamment des craintes devant les risques encourus par les donneurs.
Quels risques pour le donneur ?
Un écueil que le spécialiste relativise. D’abord du fait des progrès chirurgicaux mais surtout compte tenu des procédures strictes d’évaluation des volontaires – visant à s’assurer de leur bonne santé et de l’innocuité du don. « Après une étape de débrouillage avec biologie sanguine et urinaire, échographie et reconstitution du parcours médical (qui permet d’exclure les volontaires souffrant de coronaropathie, diabète, obésité sévère, cardiopathie, hypertension grave, cancer, etc.), puis une évaluation immunologique, on réalise un bilan psychologique et néphrologique avec scanner, une évaluation cardiaque approfondie, une mesure isotopique de la fonction rénale, etc. », détaille le Pr Frimat.
Certains publics de volontaires – a priori sans facteurs de risque – suscitent toutefois la vigilance, à commencer par les femmes en âge de procréer. « On est toujours un peu prudent du fait de l’augmentation du travail rénal de 50 % pendant la grossesse », indique le Pr Frimat. Même précaution chez les « jeunes sujets masculins d’origine africaine », plus enclins aux maladies rénales, ou encore chez les volontaires apparentés à un patient présentant une maladie génétique, « la même maladie pouvant se déclarer chez le donneur », souligne le néphrologue.
Ensuite, le suivi post-greffe des donneurs apparaît simple, avec « une créatinine, une estimation du débit de filtration glomérulaire, une albuminurie, une mesure de la pression artérielle et du poids annuelles », résume Luc Frimat.
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