Si les conséquences sanitaires du confinement strict mis en place l’année dernière apparaissent pour la plupart négatives, certaines pourraient tout de même s’avérer bénéfiques. C’est ce que suggère Santé Publique France, qui vient de publier de nouvelles estimations de l’impact de la pollution de l’air sur la santé des Français. D’après cette modélisation, les baisses des niveaux de pollution au printemps 2020 auraient en effet entraîné « des bénéfices non négligeables pour la santé ».
Alors qu'au printemps dernier, de forte réduction des concentrations de polluants dans l'air ont été enregistrées, Santé Publique France a proposé d'évaluer a posteriori l'impact de ce phénomène inédit sur la santé des Français. Pour ce faire, l'agence a eu recours à une méthode de calcul développée par l’OMS pour évaluer l’impact des niveaux d'exposition à divers polluants - en particulier au dioxyde d’azote (NO2) et aux particules fines, de diamètre inférieur à 2,5 μm (PM2.5) - sur la mortalité : en l'appliquant d'une part aux concentrations enregistrées l'année dernière, et d'autre part aux niveaux d'exposition habituels, elle a pu estimer l'impact du confinement sur le fardeau lié à la pollution atmosphérique.
La diminution des particules fines
Résultat : la diminution de concentration dans l’air du NO2 et des PM2,5 au cours du printemps aurait bien permis de réduire la mortalité attribuable à la pollution atmosphérique. Et ce en particulier en évitant des effets à longs termes de la pollution de l'air.
La diminution de concentration de particules fines de 10-15 % observée au printemps dernier aurait permis d’éviter à elle seule 2 300 décès. Or, comme l'explique Sylvia Médina, épidémiologiste qui a coordonné ce travail, les particules fines figurent parmi les principaux contributeurs au développement de pathologies chroniques pouvant conduire à un décès, soit à des effets à long terme.
La chute plus impressionnante, de l'ordre de 30-50 %, des concentrations de NO2 enregistrées pendant le confinement, aurait-elle permis d'éviter 1 200 morts. Un chiffre non négligeable bien que moins important, et associé cette fois à la décompensation à court terme de maladies pré-existantes - à laquelle participe le NO2.
Un fardeau qui reste lourd
Mais si l’Agence de Santé Publique s’est intéressée aux conséquences sanitaires de la réduction de la pollution atmosphérique liée au confinement, elle a par ailleurs actualisé pour la période 2016-2019 son évaluation du fardeau que représente ce type de pollution sur la mortalité annuelle en France.
Ces dernières années, l’impact de la pollution atmosphérique sur la santé des Français serait resté lourd. Près de 40 000 décès - soit 7 % de la mortalité totale - pourraient en effet encore être attribués chaque année à l’exposition aux particules fines des personnes âgées de plus de 30 ans. Autre chiffre alarmant : « l’exposition à la pollution de l’air ambiant représente en moyenne pour les personnes âgées de 30 ans et plus une perte d’espérance de vie de près de 8 mois pour les PM2,5 ».
Par rapport aux précédentes modélisations de l’agence, publiées en 2016 et calculées à partir des données correspondant à la période 2007-2009, ces nouveaux résultats ne témoignent pas de grands progrès. En 2007-2009, 9 % de la mortalité annuelle était en effet attribuable à la pollution atmosphérique, soit 2 points de plus seulement que 10 ans plus tard.
Des résultats qui plaident pour des politiques aventuristes
Moralité de ce travail : si le confinement a permis, en quelques semaines, de dépasser les progrès apportés par des années d’actions publiques (leviers visant la baisse du trafic dans les zones urbaines ou la réduction des émissions industrielles), seules des mesures très ambitieuses permettront de lutter efficacement contre la pollution atmosphérique et ses conséquences sanitaires.
Et encore, la concentration des particules fines – « dont les sources sont multiples et qui représentent la pollution de fond » – ayant moins chuté pendant le confinement que le NO2, principalement produit par le trafic routier, seules des mesures mixtes pourraient s’avérer efficaces. L'enjeu est donc de provoquer non seulement des changements comportementaux comme des modifications des modes et des besoins de déplacements, mais aussi d’améliorer les pratiques agricoles, de chauffage, etc. qui participent à une pollution de fond et à l'émission de particules fines.
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