Rentrée et Covid : les médecins divisés sur les risques de transmission à l'école

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Publié le 31/08/2020
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Face au Sars-CoV-2, « l’école n’est pas prête ». Alors que plus de 12 millions d'élèves français vont reprendre ce mardi 1er septembre le chemin de l’école, un collectif de médecin appelle à durcir le protocole sanitaire prévu par l'Éducation nationale pour les établissements scolaires.

Dans une tribune publiée ce week-end dans le journal « le Parisien », les signataires — dont l'infectiologue Karine Lacombe, le président du syndicat de médecins libéraux UFMLS Jérôme Marty ou encore les généralistes du collectif Stop-Postillons — s’inquiètent notamment du risque de transmission via les écoliers. « Compte tenu du protocole en vigueur, rien ne semble empêcher les écoles de devenir des clusters », estiment les membres du collectif.

Plaidoyer pour le port du masque dès 6 ans

Alors qu’actuellement, le masque n’est obligatoire qu’à partir du collège, ils proposent de « recommander le port du masque en lieu clos pour tous les élèves de plus de 6 ans », considérant que « les moins de 11 ans sont aussi contaminants que les adolescents ou les adultes ».

Les signataires réclament également des règles plus strictes sur l'aération des locaux et « des procédures dédiées dans les zones de forte circulation virale » pour éviter de devoir fermer des écoles entières si un cas est détecté. Il suggère d'alléger les classes « en alternant présentiel et enseignement à distance », de limiter les « contacts entre les classes » et d'organiser un « échelonnement des récréations et de la cantine ».

Cette prise de position intervient alors que les autorités plaident au contraire, à l’image du ministre de l'Éducation Nationale, pour une rentrée la plus normale possible. « Tout ne doit pas être écrasé par la réalité sanitaire, a exhorté Jean-Michel Blanquer dans le JDD. Il faut être vigilant, mais ne pas oublier les impératifs éducatifs et sociaux. »

Même son de cloche du côté des pédiatres. La semaine dernière la société française de pédiatrie a ainsi publié, sous le titre « Rentrée scolaire et Covid19 : les enfants ne posent pas de problème ! », un communiqué appelant à ne pas faire de surenchère dans les mesures de prévention mise en œuvre à l’école. « Cette maladie n’est pas une maladie pédiatrique » martèle le Pr Christèle Gras-Le Guen, secrétaire générale de la Société Française de Pédiatrie (SFP), qui avoue « ne pas avoir compris » l’inquiétude du collectif. « Je n’ai pas vu un seul pédiatre dans la liste des signataires, s'étonne-t-elle et je ne sais pas d’où sortent leurs informations qui ne sont pas basées sur la littérature. »

La contagiosité des enfants en question

Au vu des données disponibles, les pédiatres de la SFP considèrent pour leur part que « les enfants, et en particulier ceux de moins de 10 ans, ne contribuent pas significativement à la transmission de COVID19 ».

Selon une étude publiée mi-août dans le JAMA pediatrics, les moins de 5 ans auraient une charge virale plutôt plus élevée que leurs aînés en cas d’infections par le Sars-CoV-2, « mais cela ne permet pas de conclure à une plus forte contagiosité », estime le Pr Gras-Le Guen, d’autres éléments rentrant probablement en ligne de compte. Plusieurs études suggèrent par ailleurs que les transmissions entre enfants, ou d’enfants à adultes, sont très peu fréquentes. Mais la question reste débattue.

Le caractère le plus souvent bénin voire asymptomatique de l’infection en population pédiatrique semble en revanche plus consensuel, même si la publication ce jour dans le New york Times de données de l’Académie Américaine de Pédiatrie faisant état d’une forte augmentation des cas, des hospitalisations et des décès en population pédiatrique cet été aux États-Unis interpelle.

A contrario, une étude parue vendredi dans le BMJ apporte de nouveaux éléments rassurants. Sur 69 500 malades hospitalisés en Grande-Bretagne entre janvier et juillet, seuls moins de 1 % (650) avaient moins de 19 ans. Parmi eux, seuls six décès ont été déplorés chez des enfants ayant tous « de lourdes comorbidités »


Source : lequotidiendumedecin.fr