De même que « jouer comporte des risques », « parier, c’est pas rien ». Tel est le message de Santé publique France, qui rappelle les risques associés aux paris sportifs à quelques semaines de la coupe du monde de football.
En fait, les parieurs sont globalement soumis aux mêmes types de risques que les autres adeptes de jeux d’argent. Des problématiques non seulement sociales – « surendettement, problèmes familiaux, isolement social », énumère Santé publique France – mais aussi sanitaires.
Jusqu’à six fois plus d'addictions chez les joueurs que chez les autres adultes
D'abord, le jeu pathologique est fortement a associé à des comorbidités psychiatriques. « Il existe (…) un lien entre jeu pathologique et troubles mentaux, décrit dans plusieurs études en populations générales », résume Santé publique France par communiqué. Ainsi, la prévalence des troubles anxieux, des troubles de l’humeur et des épisodes maniaques serait respectivement multipliée par 4 ; 4,4 et 8,8 chez les joueurs pathologiques.
Mais les principaux risques restent addictologiques, le jeu pathologique s'avérant souvent associé à d’autres addictions. « Le tabagisme, l’usage ou l’abus d’alcool, la dépendance aux drogues sont plus fréquents parmi les joueurs pathologiques », souligne Santé publique France : le risque de dépendance au tabac, à l’alcool et aux drogues serait multiplié par un facteur 2 à 6, en fonction des études.
Six fois plus d'addictions chez les parieurs que chez les joueurs de loterie
Concernant l’addiction au jeu elle-même, le mécanisme d’entrée dans des comportements pathologiques est également similaire à celui des autres jeux d’argent. « La bascule vers le jeu problématique commence souvent par un gain, puis la perte, l’espoir de se refaire et l’escalade vers des pertes financières de plus en plus importantes », décrit Santé publique France.
Cependant, les parieurs sont encore plus à risque que les autres amateurs de jeux d’argent et de hasard de tomber vers l'addiction. Le risque de jeu excessif serait pour eux de 15 % environ, soit « 5 à 6 fois plus (...) que pour les joueurs de loterie », estime Santé publique France.
Le potentiel pathologique des paris très sous-estimé
Néanmoins, tous ces risques seraient largement ignorés par les parieurs. « Bien que la plupart des risques liés aux jeux d’argent en général (notamment les problèmes financiers et la dépendance) peuvent être connus par une majorité de joueurs, ils sont souvent mis à distance par ces derniers », rappelle Santé publique France. Toutefois, le phénomène serait « davantage marqué » chez les parieurs. Car ceux-ci « ont tendance à considérer les paris moins comme un jeu de hasard que d’habileté », explique Santé publique France, pointant une « illusion de l’expertise ».
Une situation d’autant plus problématique que l’engouement pour les paris ne cesse de croître. « Les paris sportifs se sont considérablement développés et popularisés en France ces dernières années », indique Santé publique France. De fait, la « prévalence » de ce genre de jeu a progressé de près de 40 % entre 2014 et 2019, avec des montants misés « multipliés par 2,8 ». Si bien qu’au total, plus de 5 % des adultes « ont parié au moins une fois dans l’année », s’alarme Santé publique France.
Engouement croissant chez les jeunes
L’agence apparaît d’autant plus inquiète que la fièvre des paris atteint en particulier les jeunes, soit un public « particulièrement vulnérable », déplore Santé publique France. En effet, plus de 70 % des parieurs sont âgés de 18 et 35 ans et le plus souvent issus de milieux modestes.
À l’origine de cette tendance : une publicité intense, en particulier lors des évènements sportifs. « Lors de l’Euro 2021, le montant des mises en ligne a atteint 434 millions d’euros, soit trois fois plus que lors de l’Euro 2016 (141 millions €) », dénonce l’agence, selon qui « cette pression publicitaire contribue à la normalisation de la pratique des paris sportifs dans la société ».
En réaction à cette « présence très forte des opérateurs de jeu dans le quotidien des jeunes », Santé publique France lance une campagne de sensibilisation aux risques des paris sportifs. « Le concept de la campagne est de déconstruire les idées reçues » et de « débanaliser » les paris notamment par divers contenus vidéos, avance l’agence. Le dispositif Joueurs-Info-Service (composé d’un site internet et de la ligne téléphonique 09 74 75 13 13), qui a traité plus de 3 600 demandes en 2021, est par ailleurs mis en avant.
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