Les traitements anti-Covid à partir de plasma sanguin d'anciens malades n'ont pas fait leurs preuves et doivent être évités, ont estimé mardi des experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces derniers recommandent « fortement de ne pas utiliser du plasma de convalescent chez des patients atteints d'une forme peu grave de la maladie ». Ils sont un peu moins tranchés en ce qui concerne les formes graves.
Le traitement par plasma était l'une des pistes suivies depuis le début de la pandémie pour traiter les patients atteints de Covid-19. Mais cette voie n'a pas donné de résultats probants, selon les experts de l'OMS, qui se basent sur une quinzaine d'essais cliniques. « Il n'y a pas eu de bénéfice évident en matière de (...) mortalité ou de mise sous respiration artificielle », résument-ils dans un avis publié dans le British Medical Journal, tout en soulignant que ces traitements sont lourds et complexes à administrer.
Les experts n'enterrent toutefois pas totalement cette piste, estimant qu'il y a encore des incertitudes quant à son inefficacité contre les formes graves. Ils ne s'opposent donc pas à la poursuite d'essais cliniques dans ce cadre.
Extension d'indication pour le tocilizumab
Également en lice depuis longtemps, le tocilizumab (RoActemra, laboratoire Roche) reste pour sa part dans la course. Déjà commercialisé pour le traitement de certains rhumatismes inflammatoires, cet anticorps anti-interleukine-6 vient même d’obtenir le feu vert de l’agence européenne du médicament (EMA) pour le « traitement des adultes atteints de COVID-19 qui reçoivent un traitement systémique avec des corticostéroïdes et requièrent une oxygénothérapie ou une ventilation mécanique ».
Pour parvenir à sa conclusion, le comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’EMA a évalué les données d'une étude portant sur 4 116 adultes hospitalisés pour Covid sévère sous oxygène ou ventilés et présentant des taux de CRP élevés.
Dans ce travail, le traitement par tocilizumab, administré par perfusion en plus du traitement standard, réduisait le risque de décès par rapport au traitement standard seul. Globalement, « 31 % des patients traités par RoActemra plus traitement standard (621 sur 2 022) sont décédés dans les 28 jours versus 35 % avec le traitement standard seul (729 sur 2 094) », résume l’EMA. De plus, 57 % des patients (1 150 sur 2 022) qui ont reçu le tocilizumab ont pu quitter l'hôpital dans les 28 jours, contre 50 % des patients (1 044 sur 2 094) qui ont reçu le traitement standard seul.
L'étude suggère toutefois que pour les patients qui ne reçoivent pas de corticoïdes systémiques une « augmentation de la mortalité ne peut être exclue ». En revanche pour les patients bénéficiant d’une corticothérapie, le CHMP estime que « les bénéfices du médicament sont supérieurs aux risques ».
(avec AFP)
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