« Comme beaucoup de pays l’on fait avant nous, je vous annonce que nous allons étendre la possibilité de rappel pour tous (les 12-17 ans) mais sans obligation ». Alors que jusqu’à présent en France, seuls les adolescents à risque (immunodéprimés ou atteints d'autres comorbidités) relevaient du rappel anti-Covid, le Premier ministre Jean Castex a indiqué jeudi 20 janvier, lors d’une conférence de presse, que tous les jeunes de 12 à 17 ans pourront à leur tour en bénéficier, sur la base du volontariat, « à compter de lundi prochain ».
Le 23 décembre, le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale s’était déjà prononcé dans ce sens. Considérant « la forte circulation virale et l’émergence du variant Omicron », l’institution avait appelé à « adopter une posture de prudence » et à « recommander une dose de rappel pour tous les adolescents de 12 à 17 ans ».
Des arguments indirects
Un avis de l’ANSM publié ce vendredi 21 janvier va dans le même sens tout en soulignant les inconnues qui persistent. « L’ANSM et l’EMA ne disposent pas encore des données d’immunogénicité, d’efficacité et de sécurité portant sur une dose de rappel chez les personnes âgées de 12 à 17 ans qui permettent d’établir un rapport bénéfice / risque », stipule d’emblée l’avis. Pour trancher l’agence s’est donc basée sur des données indirectes, avec une extrapolation partielle entre populations adulte et pédiatrique.
En termes d’efficacité, on sait que la réponse immunitaire suite à une primo-vaccination chez les 12-15 ans est non inférieure à celle observée chez les 16-25 ans, avec une efficacité vaccinale du même ordre que chez les adultes. Aussi, « il n'y a pas lieu de penser que la réponse immunitaire et l'efficacité d'une dose de rappel chez les adolescents en bonne santé soient différentes de celles observées chez les adultes », estime l’ANSM.
Sur le plan de la tolérance, selon le dispositif de surveillance renforcée, « le profil de sécurité des vaccins ARNm utilisés en primo-vaccination chez les adolescents est comparable à celui chez les jeunes adultes », rappelle l’ANSM. Par ailleurs, dans les pays (États-Unis et Israël) où le rappel vaccinal chez les adolescents a débuté, « les premières données de pharmacovigilance ne mettent pas en évidence à ce stade un profil de sécurité différent de celui de la primo-vaccination ».
Enfin s’agissant de l’intérêt du rappel en population adolescente, « il existe des incertitudes relatives à la durée de la protection vaccinale chez les adolescents, notamment contre le variant Delta et le variant Omicron », reconnaît l’ANSM. Cependant, « les premières données d'efficacité vaccinale en vie réelle contre l’infection par le variant Omicron mettent en évidence l’intérêt d’une dose de rappel avec les vaccins ARNm à titre individuel et collectif afin de mieux protéger les populations fragiles et contrôler la circulation virale ».
Dans ce contexte, l’ANSM considère « que l’extension de la dose de rappel, en tout premier lieu pour les adolescents à risque mais également plus largement pour tous les adolescents de 12 à 17 ans, pourrait être envisagée ». Dans son précédent avis daté du 24 décembre 2021, l’agence avait déjà ouvert la porte à l’extension du rappel aux adolescents de 16 à 17 ans. Mais pour les 12 à 15 ans, l’absence de données avait conduit à restreindre la possibilité de rappel aux sujets à risque. La situation épidémiologique actuelle, avec la circulation prédominante du variant Omicron, semble avoir fait bouger les lignes.
Un délai d'au moins 6 mois à respecter
En pratique, le vaccin de Moderna ne pouvant être proposé aux moins de 30 ans en France, l'administration d'une dose de rappel chez les adolescents de 12 à 17 ans ne peut se faire qu’avec le vaccin Pfizer (Comirnaty).
L’espacement des doses doit tenir compte d’une décroissance plus lente des anticorps chez les adolescents que chez les adultes. « Conformément à l’AMM chez l’adulte, un délai d’au moins 6 mois est à respecter après la primo-vaccination », précise l’ANSM.
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